L'histoire :
Un beau matin, un matin comme les autres, en fait, une bagarre éclate dans le village gaulois d’Astérix et d’Obélix, en raison du poisson prétendument pas frais vendu par Ordralphabétix. Tirages de moustache, accrochages de nez par les narines, pichenettes dans l’œil, baffes de limandes en travers de la trogne… le train-train, donc. Après cet exercice d’échauffement musculaire, arrive enfin l’heure de l’attaque quotidienne sur le camp romain de Babaorum. Les casques de légionnaires volent et se collectionnent, les sandales se délient, les yeux au beurre noir rivalisent de coloris… A vrai dire, les héros gaulois préfèrent ratatiner les romains que bourre-pifer les pirates en mer. Car ces derniers craignent tellement la bagarre avec les gaugau, les gaugau, les gaulois, que régulièrement, ils sabordent eux-mêmes leur navire pour éviter les coups. Parfois, un officier romain – voire Jules César himself – tente d’organiser des attaques de grande ampleur, au sein d’une tactique militaire subtile. Rien n’y fait : les formations de combat de types tortue, triangle ou cercle volent en éclat sous les coups d’un Obélix survolté, qui fonce dans le tas comme une boule de bowling dans un jeu de quilles. Enfin, la dernière bagarre est la plus douce : elle consiste simplement à attacher le barde Assurancetourix pour ne plus l’entendre, tandis que les villageois profitent d’un gros banquet à base de sanglier.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Etant donnée la quantité de produits dérivés commercialisés sous l’image d’Astérix depuis 60 ans, il nous est difficile de confirmer ce qu’affirme l’éditeur : aucun pop-up n’avait plus été publié depuis les années 70 sur cette série du patrimoine bédéphile francophone. Avec la complicité de la maison-mère Albert René, les éditions du Chêne remédient aujourd’hui à cette lacune invraisemblable… Mais au fait, savez-vous ce qu’est un « pop-up » ? C’est un livre-objet composé de scènes découpées en morceau de bristol, collées et assemblées entre elles pour former une scène en relief à l’ouverture de chaque double-page. Une animation qui vous saute au visage, en quelque sorte. Dans ce cas de figure, la thématique des bagarres gauloises s’avère logiquement le meilleur axe possible. Le principe technique impose une certaine épaisseur et limite donc le nombre de scènes à 6 (plus une très sympa, en page de garde, qu'on vous laisse découvrir !) : les gaulois entre eux en une vue panoramique du village, les gaulois entre eux de plus près, les gaulois attaquent un camp romain, les gaulois explosent les pirates, les gaulois bousillent des formations romaines, et tout se termine par le célèbre banquet. Le dynamisme du dessin d’Albert Uderzo est évidemment l’atout-maître de l’objet, mais il faut reconnaître que les assemblages de José Pons sont majestueux et complexes – et sans raccrocs lors de la fermeture des pages, s’il vous plait, ce qui est l’écueil à éviter absolument pour un pop-up. Les encadrés narratifs qui décrivent et introduisent les scènes, confinent en revanche à la tautologie dispensable. Un livre-objet à réserver aux collectionneurs, voire aux fans…