L'histoire :
Il coulait des jours heureux dans un fier château de Westphalie, où il grandit sous l’enseignement de Pangloss, philosophe de son état. Candide, nommé ainsi du fait de son esprit un peu simple, est probablement le fruit d’un amour impossible de la sœur du baron de Thunder-Ten-Tronckh qui ne put achever la généalogie du gentilhomme du voisinage qui l’engrossât. Cunégonde, la fille du Baron et de la Baronne était fraîche, grasse et appétissante, du haut de ses 17 ans. Candide, qui la trouvait fort belle, n’avait pas la hardiesse de lui avouer. Il écoutait attentivement l’enseignement en métaphysico-theologo-cosmolonigologie du docteur Pangloss, croyant innocemment que le plus grand bonheur de la vie était d’être né baron de Thunder-Ten-Tronckh. Ensuite, le second degré du bonheur était d’être Mlle Cunégonde. Le troisième, de la voir tous les jours. Et le quatrième, d’entendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province et par conséquent de toute la Terre. Un jour, alors que Cunégonde vient d’assister discrètement à un enseignement de physique expérimentale du docteur Pangloss sur une femme de chambre dans des broussailles des jardins du château, elle rougit en rencontrant Candide. Candide rougit lui aussi et parle sans savoir ce qu’il dit. Le lendemain, après le dîner, ils se retrouvent derrière un paravent. Cunégonde laisse choir son mouchoir, Candide le ramasse et lui prend innocemment la main. S’ensuit un enchaînement d’évènements fort égarés auxquels le baron, en passant auprès du paravent, ne manque pas d’assister. Il chasse aussitôt Candide du château, à grands coups de pied dans le derrière. Cunégonde s’évanouit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Trésor de la littérature française, Candide ou l’optimisme de Voltaire fut illustré par Georges Wolinski en 1994. A cette ode magnifique à la bêtise humaine, les dessins de celui qu’on ne présente malheureusement plus, apportent un encore un peu plus de surréalisme à cette aventure délirante et intemporelle. Jubilatoire dans l’absurde, grivois à loisir, avec des dessins témoignant d’une liberté d’illustrer débridée, qui aujourd’hui disparait tranquillement des rédactions pour cause de massacres spontanés. L’autodafé de Candide et Pangloss, c’est l’audafé de Wolinski. Il est d’ailleurs troublant de constater que c’est le dessin qui figure sur la couverture de l’édition d’origine. En 2016, l’Eldorado l’a remplacé, sans commentaire. Les anachronismes qui parcourent les planches renforcent, s’il était encore nécessaire, le caractère actuel du propos. Des guerres, des histoires de cuisses à tire-larigot, des religions cruelles, des injustices, des manipulations, tout ce qui régit le monde d’aujourd’hui régissait le monde de Voltaire. Atterrant : le monde n’a pas évolué en trois siècles. Ceux qui s’attendent à une version BD de Candide seront déçus, une petite quinzaine de planches et double-planches accompagnent cette version du texte de 1761. Il faudra s’en contenter !
