L'histoire :
18 septembre 2012, arrivent les premières nouvelles du front. Depuis près d'une semaine, Siné traîne une mine affreuse. Devant l'inquiétude de sa femme, son médecin lui a prescrit des examens afin de savoir ce qui se cache derrière cette tête d'épouvantail. Mais une biopsie n'augure rien de bon. 25 septembre 2012, le faciès ne s'est pas amélioré. A l'hôpital, le spécialiste qui lui explique ses résultats parle un charabia incompréhensible. En clair, cela ne présage rien de meilleur. 2 octobre 2012, c'est officiel : c'est une leucémie aiguë myéloïde ! Le traitement s’annonce sévère, mais l'espoir demeure. 4 octobre 2012, enfermé dans sa chambre, Siné reçoit le soutien de tous ceux qui tiennent vraiment à lui. Famille, amis, visites ou messages très inquiets et de sympathie. 5 octobre 2012, après s'être amusé de son mal en divers jeux de mots, le patient commence à réaliser lui aussi que le marathon qui l'attend vers une éventuelle rémission ne sera pas une partie de plaisir. Alors, hauts les cœurs et Banzaï !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A bientôt 85 ans, Siné n’a plus rien à prouver à personne. Le dessinateur et caricaturiste, pilier du journal Charlie Hebdo jusqu’à une sombre affaire judiciaire dont il est sorti blanchi, est une figure du petit milieu de la critique satirique. De tous les combats sociaux, il n’avait sans doute pas prévu de se battre une année durant contre un cancer qui faillit bien avoir sa peau. Mais c’est assurément sa plus belle victoire ! Et, bien que diminué, Siné n’a pas coupé durant ce laps de temps avec l’actualité et s’est fendu régulièrement, presque quotidiennement, de billets d’humeur vengeurs : contre son mal, contre ses anciens amis de Charlie, contre la tournure des événements politiques, etc. Bref, secondée de son épouse qui l’épaule pour la publication Siné mensuel : le journal qui fait mal et ça fait du bien, l’homme n’entend pas se taire avant qu’il ait vraiment les deux pieds dans la tombe ! Un bonheur pour ceux qui partagent son engagement, disons-le, très à gauche ; moins pour ceux avec qui il eut à croiser le fer. Dépourvu d’images, sinon quelques croquis humoristiques de fans qui l’ont soutenu durant son hospitalisation, ces annales laissent ainsi un sentiment très partagé. Combat d’arrière-garde ? Baroud d’honneur d’un vieux grognard ? Cri pourfendeur du bien-pensant libéral latent ? L'auteur règle des comptes très – voire trop – personnels avec ses détracteurs et la répétition en devient lassante. Pire, la portée du propos s’y perd. Alors en citoyen bédien averti, permettrez-moi de saluer la vigueur du bonhomme, mais d’émettre quelques réserves quant à la nécessité de parcourir ce journal. « Banzaï ! » ou non, comme dirait l’autre.