L'histoire :
Entre fantastique et goût pour le laid, une succession de dessins narrant l’histoire d’un monde en mal de repères, pour le meilleur et pour le pire. Monstres difformes, cordons ombilicaux par centaines, avatars décérébrés, pinocchios inquisiteurs, yeux coulants de bave ou de sang, unijambistes, larves rampantes, sont les ressorts d’un monde qui crève, qui saigne et qui déverse ses derniers râles de douleur avant l’apocalypse prochaine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’éditeur Cornélius, de manière salutaire, aime explorer de nouveaux territoires graphiques en proposant des parutions qui sortent des sentiers battus. Terra Maxima en fait partie. Livre iconoclaste lorgnant du côté de l’art plutôt que de la BD, cet ouvrage est un recueil de dessins montrant une succession de scènes fantastiques muettes, précédées d’une introduction d’une page fixant la tonalité du récit, sorte d’explication narrative. Réflexion sur la mort, la laideur, la difformité, l’altérité dérangeante et plus généralement sur la déchéance (programme ô combien inépuisable), Terra Maxima évoque un monde absurde en proie à la disgrâce. Pourquoi pas. La démarche artistique est à saluer, même si l’exercice ne nous convainc guère. Le problème (là sans doute était l’intention de l’auteur), c’est que le résultat est désagréable à l’œil et à l’esprit, car il distille un malaise dérangeant (un peu comme le film de Lars Von Trier, Les Idiots). Le message paraîtra obscur ou limpide, c’est selon. Ce livre aura au moins le mérite d’interpeller le lecteur et d’interroger son rapport au corps, à l’autre, au réel et au monde. Au final, on n’adhère pas à cette esthétique fantastique de la douleur, tout simplement. Question de goût et de sensibilité. Avis éminemment subjectif, vous l’aurez compris, car ce livre n’est pas mauvais en soi. A feuilleter avant d’acheter et à réserver aux amateurs d’art conceptuel.