L'histoire :
Roy Koks, ancien responsable d’exploitation minière, ancien joueur de hockey sur glace, contemple depuis un promontoire la ville de Montréal, en proie à une puissante amertume. Une escorte policière le rappelle à ses obligations : il doit être à l’aéroport dans 45mn. Durant le trajet, il confie son histoire et la lourde responsabilité qu’il porte à un journaliste. Tout a commencé le jour où une forte secousse a alerté son équipe de miniers, sur une exploitation diamantifère du Québec. Un morceau de colline venait de s’effondrer dans une cavité du sol, entrainant une foreuse dans sa chute. Tout au fond, lui et ses hommes avaient alors aperçu une faille horizontale donnant sur une grotte. Ils avaient alors découvert à l’intérieur une incroyable singularité géologique : une gigantesque sphère de diamant noir brut, parfaitement lisse et ronde. L’origine d’une telle singularité posait mille questions aux scientifiques qui l’examinèrent. L’hypothèse la plus probable était qu’elle provenait de l’espace. Une étude tomographique radar révélait encore que la sphère était creuse et contenait une seconde sphère à l’intérieur. D’incommensurables moyens techniques furent alors déployés par la société qui l’employait pour percer une ouverture dans le diamant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce nouveau thriller d’anticipation et de légère science-fiction repose sur un suspens savamment entretenu et distillé. Ça commence par un flashforward plein de non-dits, qui présente le personnage central de Roy Koks et plante ce qui ressemble à un contexte post-apocalyptique. On bascule aussitôt dans deux flashbacks dont on ignore l’ordre. Le fil qui nous tiendra en haleine tout au long de ce premier tome (sur deux prévus) consiste à revenir sur les circonstances d’une découverte colossale qui a fait basculer l’humanité. Rien de moins ! Nous suivons en effet la découverte et l’exploration d’une sphère noire géante en diamant, artefact venue d’outre-espace ou des profondeurs du passé, qui révèle l’un après l’autre ses mystères… et en pose tout autant. Ce canevas rappellera aux fans de Barjavel les bases de La nuit des temps… mais on n’en est pas encore là. Gauckler prend vraiment le temps de dévoiler l’intrigue et lance des pistes géopolitiques ou sociales, notamment avec la revendication des indiens Cris, qui clament que la sphère appartient à leur peuple car elle est située sur leur territoire, et non à l’industriel qui l’a découverte. Auteur complet, Philippe Gauckler réalise ce premier tome (sur deux prévus) de 84 planches à l’aide d’un dessin semi-réaliste particulièrement soigné et abouti, tout en couleurs directes. La mise en page offre à plusieurs reprises des doubles planches spectaculaires, à la hauteur des enjeux mondiaux et universels du sujet. Un cahier graphique final est fourni en prime, comme souvent chez Daniel Maghen. C’est malin, avec de tels mystères métaphysiques et civilisationnels, on est carrément accro… et il va falloir attendre la deuxième partie pour savoir !