L'histoire :
Une découverte prodigieuse, venue du tréfonds des âges et trouvée dans les couches géologiques du Québec, a mis le monde scientifique et militaire en émoi : une boule géante de diamant noir. Après des semaines d’installation de divers matériel, la création d’un dôme, d’un ascenseur et d’une plateforme, une ouverture circulaire a pu être pratiquée sur le dessus de la sphère. Alors qu’à l’extérieur, le blizzard hivernal balais les médias et la communauté indienne venue en nombre, à l’intérieur, deux sarcophages sont trouvés et extraits. Dans l’un d’eux, l’improbable : une jeune femme venue d’ailleurs ou d’un autre temps, encore en vie, affublée d’une toge noire étoilée et d’un mystérieux casques. L’ancien joueur de hockey reconverti dans la prospection minière, Roy Koks, dit Kebek, touche alors l’objet circulaire qu’elle tient entre ses mains sur sa poitrine. Aussitôt, un froid intense s’empare de lui. En quelques secondes qui lui semblent des heures, il se sent traversé par un champ d’énergie considérable. En une parfaite synchronisation, il se retrouve en quelque sorte rempli d’une grande quantité de données, tout en se sentant aspiré des siennes. Vidé, rempli, déconstruit, reconstruit. En fondant entre ses mains, la petite boule glacée délivre une bague, que Toy enfile à son doigt. Il sait alors exactement ce qu’il doit faire. Il demande qu’on mette le sarcophage à la verticale. La jeune femme avance alors vers lui et le prend dans ses bras. Elle porte à sa main une fine baguette. Elle s’apprête à faire d’incroyables révélations…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers le diptyque Kebek, Philippe Gauckler fait ni plus ni moins qu’une relecture librement adaptée du roman de science-fiction de René Barjavel La nuit des temps. Comme dans ce dernier, des sarcophages venus d’un autre monde (d’ailleurs ou d’ultra-avant), un monde doté d’une technologie encore inaccessible à la science actuelle, sont trouvés de nos jours dans les strates géologiques du Québec (les glaces de l’Antarctique dans le roman originel). Comme chez Barjavel, une femme et un homme, humains et encore vivants, vont apporter des réponses spectaculaires sur leurs origines – et les nôtres, par la même occasion. Le plagia n’est pas intégral, mais il est trop proche pour permettre le moindre doute. Pour autant, cette version BD de Gauckler n’apporte pas grand-chose de plus par rapport à l’œuvre d’origine. Elle vaut essentiellement pour l’effet de suspens et de retardement des révélations, que s’efforce d’entretenir Philippe Gauckler, à grand renfort de flashbacks et d’apartés lyriques en encadrés narratifs. Son dessin se montre en revanche à la hauteur, dévoilant des ailleurs dignes de la grande science-fiction, par moments au sein de cases géantes, voire à quelques reprises sur double pages. Ce second volet est ainsi moins porté sur le décorum industriel et les engins de chantiers, et il parvient à donner de la profondeur à l’éther métaphysique, à une civilisation humanoïde de pointe, à l’idée d’infini et d’amour éternel. C’est beau comme du Francis Lalane qui serait habité par les visions futuristes de Moebius…