L'histoire :
Après la mort de sa compagne Béatrice, le florentin Dante n’a plus trop goût à la vie. Il se retire dans sa propriété de campagne et passe son temps en promenade. Mais un jour qu’il s’est enfoncé seul dans une épaisse forêt et qu’il s’est endormi au pied d’un gros arbre, le fantôme de Béatrice lui apparait et réclame qu’il la rejoigne ! Mais aussitôt, elle disparait et ce sont de gros félins affamés qui le prennent en chasse. Dante fuit à toutes jambes et chute au bas d’une falaise, cognant sa tête contre une grosse pierre. A son réveil, il est face à Virgile, poète sous l’antiquité romaine. Ce dernier lui confirme l’attente de Béatrice de la rejoindre, à travers les méandres de l’au-delà. Dante obéit et suit Virgile, à travers des paysages de plus en plus accidentés et rocailleux, jusqu’au bord de l’Achéron. Ils attendent le passage de Caron, le nocher, en barque. Après quelques discussions – car la nature de Dante est bien différente des autres passagers du bord, nus et accablés – Caron accepte de les prendre tous deux à son bord. L’Achéron lui conduit lentement jusqu’à une immense porte située contre une falaise abrupte. Caron toque à la porte, qui s’entrouvre péniblement. Dante, Virgile et les autres passagers pénètrent à l’intérieur. La porte se referme. Des gémissements viennent alors aux oreilles de Dante, de tous côtés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’enfer est le premier « chant » de la Divine Comédie du poète florentin Alighieri Dante. C’est là l’une des plus célèbres œuvres de la littérature mondiale, fondatrice de notre imaginaire spirituel collectif. Elle est cependant ardue à lire et à adapter, en raison de son style obsolète (ça date du XIIIème siècle !) et largement imprégné de notions bibliques. Dans le prolongement des gravures de Gustave Doré, qui l’a illustré au milieu du XIXème siècle, les frères Brizzi se sont néanmoins lancés dans cette adaptation monumentale, une réécriture savante qui met L’enfer à la portée des lecteurs contemporains. Dante et son ancêtre Virgile (poète romain du 1er siècle avant JC) embarquent donc sur la barque du passeur Charon/Caron, direction les coursives infernales, démesurées, tragiques et désolées de l’au-delà, dans ce qu’il a de plus punitif. Au fil d’un périple linéaire et initiatique, ils y « survivent » à d’innombrables monstres mythologiques, à des périls inouïs, des reliefs vertigineux, des météos variées effroyables… jusqu’à rencontrer le maître des lieux. L’un (Gaétan) depuis le Sud de la France, l’autre (Paul) depuis Washington, les Brizzi font parler leur immense talent, dans un registre graphique noir et blanc crayonné, réaliste, méticuleux, spectaculaire et… évidemment… dantesque. Le découpage du périple infernal se laisse apprécier au fil de cases souvent muettes, avec de nombreuses pauses pleines pages qui rivalisent assurément avec les précédentes représentations de Doré. C’est magistral. Pour ne pas dire époustouflant. Les Brizzi ne s’arrêtent pas là : au sein de la même collection de Daniel Maghen, ils travaillent déjà sur une autre adaptation d’œuvre réputée inadaptable : Don Quichotte de Cervantes (prévue pour novembre 2023).
