L'histoire :
En préface, Rebecca Manzoni relate sa première rencontre avec Jean-Pierre Gibrat et l’amitié qui s’est ensuivie. Comme une évidence, elle l’interviewe longuement entre les pages de ce recueil dédié à ses dessins, richement documenté, magnifiquement mis en page. Où l’on voit Jeanne et François (héros du Vol du Corbeau) en moto, en train de rouler sur les quais de Paris. Le crayonné noir et blanc impose la griffe en premier, suivi de la version couleur sur double planche. Où l’on voit Cécile attablée dans l’ombre d’un bistrot, en train d’attendre des nouvelles de son Julien, une photo de lui dans la main. Où l’on voit une double planche dénuée de phylactères, extraite du Vol du corbeau (la fuite sur les toits de Paris, avec la cheville foulée)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un recueil d’illustrations de Jean-Pierre Gibrat, de celles qui ont façonné les pages et les cases du Sursis, du Vol du corbeau, de Matteo… Oui, évidemment, pourquoi pas ! L’artiste a touché la grâce depuis qu’il a pris ce virage romanesque en auteur complet, à la fin des années 90, avec ses histoires d’amour sur fond de guerre. Un tel recueil, ça va inévitablement être formidable. Mais si on faisait ce recueil à un format géant ? Ha oui, c’est mieux. Et si on mettait vraiment beaucoup, beaucoup d’illustrations ? Et si on mettait un maximum de crayonnés préparatoires en entame, suivi du rendu final spectaculaire, en couleurs directes ? Et si on en mettait un maximum plein pot, sur des doubles pages ? Et si on agrémentait et alternait le tout d’une interviewe-fleuve, menée par ce qui se fait mieux en matière de journalisme : Rebecca Manzoni ! Ceux qui écoutent régulièrement la chroniqueuse de France Inter auront le sentiment d’entendre sa voix. Douce, intelligente, impliquée, du genre à toujours mettre le doigt sur le sujet, avec toujours un zest de vanne bien sentie à l’esprit. Ainsi en va-t-il de ce splendide recueil édité par Daniel Maghen, galeriste spécialisé du 9ème art, qui sait soigner ses artistes… et satisfaire les nombreux fans de cette période tragique de l’occupation, ou des lecteurs tombés amoureux de ses personnages féminins comme Cécile, Jeanne ou Léa (mais surtout Cécile !)