L'histoire :
Soudan du Sud. Alors que la guerre fait rage dans le pays, nombreux sont les réfugiés à se diriger vers des camps d’accueil érigés par l’ONU et d'autres organisations humanitaires. Dans le tumulte des combats, les populations sont forcées de prendre la voie de l’exode : femmes, enfants, hommes… C’est cette voie qu’emprunte la toute jeune Nialony. Rejoignant ses proches dans un de ces camps de l’ONU férocement gardé par les casques bleus, la jeune fille a pour guide son grand frère Georges. Les journées de la petite Nialony sont rythmées au gré des peintures murales de son frère, de la découverte du camp et de ses discussions avec un curieux marabout ayant élu domicile sur les remparts. Mais un jour, le pire arrive : Nialony et Georges sont enlevés en pleine nuit par un groupe de rebelles se servant des jeunes enfants pour les plonger sous les balles d’un conflit sans fin. Armés de leur courage et de leur amour pour les leurs, les deux enfants nés dans la misère bravent tous les dangers pour se libérer et vivre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Denis Pendanx use de son expérience lors d’un voyage humanitaire réalisé en 2016 pour nous plonger dans les affres rudes et sans concessions du conflit civil qui a secoué le Soudan du Sud entre 2013 et 2020. Conté à hauteur d’enfant, L’œil du marabout brosse le quotidien d’un peuple meurtri et à bout de souffle, traumatisé par les horreurs de la guerre, les massacres et le destin des enfants enrôlés de force dans les rangs d’une milice prônant la liberté par les armes. Au-delà du cadre géopolitique et historique, le récit de Pendanx est une histoire touchante, pleine de vie et d’espoir sur deux enfants livrés à eux-mêmes dans un enfer de sable. Ils ne peuvent compter que l’un sur l’autre pour trouver une porte de sortie. Tout cela sous l'œil d’un marabout omniscient, gardien d’un pays horrifié. Une fois de plus, le dessin de Jean-Denis Pendanx est bluffant de détails et de dureté (comme dans ses formidables A fake story et Mister Mammoth). Les couleurs oscillent entre chaleur, comme témoin du lieu, mais aussi de l'innocence de la petite Nialony, et froideur et obscurité, comme miroir de la situation et des enjeux. L’œil du marabout est un formidable ouvrage touchant et témoin d’une situation complexe dans laquelle les populations civiles sont les principales victimes. Bouleversant !