L'histoire :
Archéologue, Alexandre travaille en Italie. Il s'est vu confier des fouilles à Rome par Monseigneur Tertullio, l'évêque qui va venir un soir sur le chantier lui annoncer une terrible nouvelle. Sa femme vient de mourir dans un accident de voiture. Dévasté par la douleur, il ne cherche pas à en savoir davantage... jusqu'à la découverte d'impacts de balles sur la carrosserie du véhicule. Sous le régime fasciste de Mussolini, Maya, parce qu'elle était une femme de couleur, a en fait été abattue lors d'un contrôle de police. Alexandre veut se venger. Le sergent qui a tiré sur le véhicule est connu, il a même été interviewé par la presse. Ne cachant pas sa colère, il est repéré par la police politique. Monsignor Tertullio va alors le cacher au Vatican, puis lui confier une mission de la plus haute importance historique. En s'appuyant sur Les Antiquités Juives de Flavius Josèphe, un livre d'Histoire écrit au premier siècle, l'archéologue va tenter d'éclaircir le mystère du ralliement du peuple juif à l'empire romain après les guerres juives. Ce sujet devient le moteur de la vie d'Alexandre, qui tente d'oublier sa douleur. Il se retrouve en 1942 sur les ruines du temple de Siwa en Egypte. Un de ses collègues a identifié le nom de Juste de Tibériade sur un mur, ce qui est absolument inespéré. Juste est un contemporain de Flavius Josèphe. Ils s'opposent sur la vérité de leur siècle, mais aucun écrit de Julius n'a traversé le temps. A l'occasion d'un bombardement, une partie du temple s'écroule, révèlant un nouveau passage, où une découverte fabuleuse les attend.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce très bel album de plus de 180 pages, Stephen Desberg développe une intrigue complexe qui nous promène sur les territoires du futur état d'Israël et des pays voisins, avant la partition de la Palestine mandataire en 1948. En plein cœur de la guerre, le personnage principal va croiser toutes les forces en présence, des soldats allemands, des anglais, une espionne russe, et participer aux enjeux du futur retour des juifs sur la terre où ils vont construire un pays. Ses recherches vont se poursuivre pour tenter de savoir si effectivement le manuscrit de Flavius dit la vérité, et si effectivement Juste l'a accusé de trahison en faveur des romains. La question est également posée de la réécriture partielle des livres de Flavius par l'Eglise catholique pour y ajouter la présence de Jésus. Alexandre, caché sous de faux habits de prêtre, va devoir user d'armes de poing pour survivre, et tenter coûte que coûte de faire avancer son travail. L'intrigue à rebondissements parfois un peu rapides est un prétexte à approfondir de très nombreuses références d'archéologie religieuse. Le scénariste est de toute évidence passionné par l'histoire des premiers siècles de notre ère et le fondement des religions dites du Livre. Il est également très intéressant de mieux comprendre comment les peuples ont tenté d'influer ce que seraient la Palestine et Israël après la guerre, le conflit allait nécessairement désigner un vainqueur, et jouer un rôle historique sur le devenir des juifs persécutés par l'Allemagne nazie. L'histoire avance avec un mélange de lenteur et de séquences violentes, et une voix off assez descriptive qui donne un ton plutôt détaché à l'ensemble. Bernard Vrancken déploie de très belles planches classiques, changeant légèrement son style pour les séquences de flashback sous l'antiquité, flirtant de manière surprenante avec la technique de Frank Miller dans l'attaque de la forteresse de Yotpata. Les couleurs de Colette Vercouter sont très belles, dominées par des jaunes et des bleus subtils et riches. Une collaboration de haut vol sous un très bel écrin, qui donnera lieu sans aucun doute à une très belle exposition d'originaux dans la galerie de l'éditeur parisien.