L'histoire :
Lieutenant de police à la brigade criminelle, Mia Velickovic, enquête sur l’assassinat de Kim Wong, la fille d’un industriel omnipuissant qui exerce ses talents dans le domaine de la génétique. L’homme d’affaire pèse de toute son influence pour tenter d’orienter l’enquête vers l’un des ses concurrents direct en matière de trafic d’organes, Erwann, un petit mafieux. Bien malgré elle, la jeune femme participe au fiasco de l’arrestation du supposé responsable, qui réussit à prendre la fuite. A deux doigts de se retrouver définitivement au placard, Mia reprend, à sa plus grande surprise, ses investigations sur les recommandations de Lothar Wong en personne. Pendant que ce dernier se charge en secret de retrouver son ennemi, le lieutenant Velickovic s’intéresse à d’autres meurtres, aussi sanglants, commis dans la ville récemment. Des crimes qu’elle relie bientôt à ceux perpétrés par une créature, sorte d’homme sauvage, qui sévissait dans la région de Buenos Aires lorsque l’énigmatique Wong y vivait. Le portrait robot tiré à l’époque lui rappelle, étrangement d’ailleurs, une sculpture qu’elle a observée au club échangiste du couple Stillman, avec lequel elle entretient une relation des plus troublantes. Ce constat, doublé de l’intérêt que portent les époux à son enquête, lui laisse imaginer que ces deux-là pourraient se trouver au cœur de l’énigme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Continuant de manipuler avec dextérité ce polar bien balancé, Régis Penet poursuit et conclut son récit policier en usant de la recette qui fit notre bonheur dans la première partie : une intrigue captivante servie par des personnages à la psychologie escarpée… Force est de constater à nouveau le parfait équilibre du récit qui, tel un funambule lancé au dessus du précipice, contrôle l’acrobatie. Plongée dans un univers régi par les manipulations, qu’elles soient scientifico-génétiques ou qu’elles aient pour objet de se jouer des individus, c’est à nouveau la troublante Velickovic qui sort son épingle du jeu : on la croit faible et pourtant c’est elle qui ramène le récit sur le chemin de la vérité ou qui l’empêche de sombrer dans l’inhumanité. C’est avec talent que Régis Pénet continue d’oser. Il offre malgré tout un dénouement classique qui, loin des incohérences, retombe sur ses pieds avec ce petit plus de réflexion philosophique qui fait du bien. Comme il l’avait démontré auparavant, le graphisme, outre la puissance esthétique de sa colorisation, assoit une ambiance particulière qui, on l’imagine, pourrait devenir l’identifiant de la série : une violence cadrée lentement, qui imprime angoisse et tension à la narration. Alors, seules la mer d’huile et le ventre nue de Lucy sur la dernière planche, réussissent à apaiser ce doux malaise… quoique !