L'histoire :
1704. A l’âge de 14 ans, Jim est initié par les adultes de son village, dirigés par le Squire, à une vile activité nocturne. Sur la plage en contrebas des falaises, par une nuit de tempête, trois grands feux sont allumés pour faire croire aux navires qui passent qu’ils sont en approche du port de Weymouth. Et ça ne manque pas : le Meredith tombe dans le panneau et met le cap vers les récifs ! Car le but des villageois est bel et bien de faire s’échouer le navire et d’en noyer tous les marins, afin de pouvoir le piller de ses richesses. Quand ils s’aperçoivent que le navire qu’ils viennent d’attirer vers la catastrophe est le prestigieux Meredith, issus justement de Weymouth, les villageois regrettent… mais c’est trop tard. Ils sont désormais obligés d’aller au bout de leur forfaiture. Quelques heures plus tard, ils achèvent les rares survivants afin de ne pas laisser de témoins et pillent tout ce qu’ils peuvent. Jim est choqué. Jusqu’alors innocent, le voilà complice d’un terrible et cupide massacre. Il en fera des cauchemars. Un survivant échappe cependant aux naufrageurs, un chimpanzé déguisé en capitaine… dont Jim s’occupera dans les jours qui suivent. Six semaines plus tard, les villageois reçoivent une visite d’une garnison de soldats royaux qui mènent une enquête sur la disparition du Meredith. Ils ont été prévenus en amont et ont caché le butin qu’ils s’étaient partagé dans une grotte, dont ils ont dissimulé l’entrée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les basses manœuvres des naufrageurs sont l’une des pires et authentiques activités criminelles qui a pu avoir lieu au XVIIIème siècle. Cela consistait à profiter de mauvaises conditions météo (une tempête de nuit, par exemple) pour attirer, à l’aide de feux ressemblant à des phares, les bateaux qui passaient au large de côtes périlleuses, vers des récifs, afin, tout bonnement… de les piller. Cette histoire romanesque scénarisée en one-shot par Rodolphe confronte pour la première un innocent adolescent à ce crime odieux et à ses répercutions tant psychologiques que judiciaires. Tout un village coupable est ici menacé d’être découvert et ses habitants complotent donc de plus en plus pour s’en sortir. Il n’y a pas vraiment de « surprise » dans cette trame très classique… mais elle est – comme toujours avec Rodolphe – bien menée, très justement restituée dans son époque, et impeccablement dialoguée et narrée. Le grand format des éditions Daniel Maghen permet au dessinateur Laurent Gnoni d’inscrire cette aventure dans l’ambiance visuelle idoine, à l’aide d’un trait semi-réaliste bien en place et parfaitement documenté (costumes, éléments maritimes…). La colorisation sobre ajoute encore à l’ambiance so british, c’est-à-dire maussade et rustique.