L'histoire :
Mona Fauconnier rentre précipitamment à Paris, ayant appris la disparition de son père. Ce dernier, paléontologue de profession, n’est pas rentré de son dernier voyage… et personne ne sait où il peut être. Ça fait 7 ans que Mona n’a plus revu son père. 7 ans, depuis la mort de sa mère et l’enterrement, où elle l’a croisé pour la dernière fois et a décidé de le renier, pour le punir de son absence familiale. La gardienne de l’immeuble où se trouve l’appartement de son père l’accueille et lui ouvre la porte. Elle prévient Mona qu’elle s’occupe de Viktor, un ara bleu que Serge Fauconnier a adopté et qui vit en liberté dans l’appartement. Mona commence par essayer de signaler cette disparition à la police. Mais elle fait chou blanc : étant donné qu’elle a abandonné son père depuis 7 ans, personne ne la prend au sérieux. Alors elle fouille son ordinateur. Des couriels d’une certaine Laure Caplan, collègue du Muséum d’Histoire Naturelle, lui donne une première piste de recherche. Un dossier baptisé « Octopolis », protégé par mot de passe, lui en donne une deuxième. Mona décide de rester sur Paris pour enquêter. Elle logera dans le studio d’une copine partie travailler à l’étranger. Mona prend rendez-vous avec Laura Caplan et cracke le mot de passe d’Octopolis. Elle imprime et lit son contenu, d’une grande richesse scientifique. Cela concerne les espèces rares océaniques, les organismes ancestraux à l’origine de la vie sur Terre et qui vivent dans les grands fonds du Pacifique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il n’y a pas de Schtroumpf, ni les aliens d’Avatar, et ce n’est pas une bio d’Yves Klein, mais c’est tout de même et toujours très bleu. Gaétan Nocq réitère cette griffe artistique qui fait sa spécialité – et le succès du Rapport W et des Grands cerfs : le dessin monochrome bleu. Or s’agissant d’une enquête à la fois familiale et scientifique se déroulant majoritairement dans les fonds océaniques, ce « grand bleu » là est plus que jamais adapté au propos ! Une jeune femme enquête donc sur la disparition (au sens premier du terme) de son père, un scientifique qui n’est pas revenu de son dernier voyage, mais qui a curieusement laissé des indices pour qu’on le retrouve. Son sujet d’étude intercale très régulièrement les investigations de Mona Fauconnier, avec des focus pédagogiques successifs sur les espèces de céphalopodes des fonds marins (poulpes, calmars, seiches…), parmi les organismes les plus anciens à l’origine des autres espèces animales terrestres. S’agissant d’un ouvrage de vulgarisation sur les céphalopodes, c’est très habile comme procédé, étant donné que l’héroïne nous appâte tout de même pas mal avec un réel mystère et des recherches périlleuses en plongée sous-marine. Sur ce plan encore, Nocq fait œuvre didactique, en mettant à la portée des lecteurs les principes et les techniques de plongée sous-marine, les emmenant au gré de nombreuses pages en immersion bleutée, totalement hypnotique. Petit à petit, au fil des 264 pages de cet épais thriller écologique, le propos central se dessine, très proche du récent La brute et le divin de Léonard Chemineau. Un second sujet sous-jacent tourne autour de la question de la disparition : celle du père, mais aussi de la biodiversité terrestres, si l’humain continue son entreprise de destruction des espaces naturels rares, par l’exploitation minière. Nocq a précisément travaillé la matière en amont et restitue une œuvre une nouvelle fois pertinente, accrocheuse, riche et nécessaire.