L'histoire :
Fils d'une mortelle et d'un esprit carnivore de la forêt, Temudjin a révélé très tôt à son tuteur Oz-Beg ses talents de chaman. Avec son don d'emprisonner et de contrôler l'âme des défunts, il s'est allié une sérieuse puissance occulte, qui lui a permis, en grandissant, d'unifier les tribus mongoles et de vaincre les ennemis tartares. Aujourd'hui adulte, à la tête de plusieurs armées mongoles, son objectif est de renverser le tyrannique général blanc et ainsi de libérer son peuple. Cependant, Temudjin se renferme de plus en plus souvent et longtemps dans son monde intérieur, où il palabre et fait l'amour avec une créature de rêve. Extérieurement, pour ses amis, il médite. Mais le campement sédentaire inquiète, alentours. Les chefs des clans commencent à s'impatienter et à contester sa capacité à les diriger. Il va lui falloir faire un voyage astral et se brouiller avec l'entité sexy intériorisée pour réagir. La marche vers le Général peut reprendre, à travers la steppe et le désert jonché de guets-apens occultes tendus par son ennemi, qui suit sa progression par vision de chaman interposé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Assurément, le scénariste Antoine Ozanam a créé Temudjin sur mesure pour son jeune ami dessinateur Antoine Carrion. Entièrement créé en numérique, le résultat de cette saga mongole est effectivement de haute volée graphique, le second volet du diptyque se mettant à la hauteur et dans la suite logique du premier opus. Les intériorisations de ce jeune chaman et guide politique – alter ego et héritier de Gengis Khan – permettent en effet moult délires de mises en scènes spectaculaires. Ainsi, le récit des deux Antoine laisse tantôt une grande part aux ambiances oniriques, tantôt des charges guerrières et dévastatrices entre armées ennemies, tantôt des pauses contemplatives sur les immenses steppes panoramiques asiatiques. Muté en éditeur – lorsque ses coups de cœur l'imposent – le galériste Daniel Maghen l'a bien saisi, qui lui offre un écrin somptueux, en diptyque, au sein de sa bannière. Rafraichissante par son tempo, son époque et ses longitudes, l'histoire en elle-même ne révolutionne certes pas le registre de l'aventure onirique. Elle ouvre en effet grande sa porte aux non-dits et aux exubérances fantastiques, qu'on peut considérer comme des facilités, mais elle fait un joli pied-de-nez aux modes narratives actuelles, infiniment plus terre-à-terre.