L'histoire :
En juin 1758, une colonie de français s’est installée à Fort Carillon (actuel état de New York, proche de la frontière entre le Canada et les USA). Parmi les soldats, Jean Malavoy ne se soumet guère à ses obligations militaires. Il disparait d'ailleurs de la garnison, considéré par ses pairs comme déserteur. En fait, Jean a appris de ses amis hurons que le grizzly qu’il traque depuis des mois est réapparu du côté de la cascade des trois fourches. Lorsqu’il était encore enfant, cet ours a tué sa mère. La vengeance de Jean est depuis lors sa première raison de vivre. Il a donc accroché un bandeau dans ses cheveux, pris un fusil et un canoë, et s’est enfoncé sur le fleuve dans une région sauvage. Il se trouve à proximité de ses propres camarades en patrouille, lorsque ceux-ci subissent une violente attaque des iroquois, à la solde des anglais. Les français sont massacrés, à l’exception d’un jeune gars qui parvient à s’enfuir. Traqué par un guerrier, il ne doit sa survie qu’à l’intervention aussi subite qu’efficace de Malavoy. Les deux hommes poursuivent leur fuite ensemble, par la rivière afin de dissimuler leurs traces. Lorsque la nuit tombe, ils se savent hors de danger. Malavoy va pouvoir reprendre sa traque de l’ours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir fait une incartade maritime du côté de la malheureuse expédition du marquis de la Pérouse, Patrick Prugne revient à son sujet de prédilection : le Nouveau Monde. Indépendant de ses précédents Canoë Bay, Frenchman, Pawnee et Iroquois, Tomahawk retrace l’histoire d’une vengeance d’un homme envers un ours. C’est-à-dire pas si éloigné, dans le fond, du film de Jean-Jacques Annaud (L’ours), mais ici dans le contexte de la guerre franco-anglaise pour la domination de ces territoires. Cette « petite » histoire de vengeance s’inscrit en effet dans la grande Histoire des guerres franco-iroquoises, et surtout à la veille de la bataille de Fort Carillon (juillet 1758), lors de laquelle 3000 soldats français repousseront l’assaut de 15 000 anglais. L’auteur l’explicite dans le splendide cahier spécial qui conclut l’ouvrage – comme toujours dans les écrins soignées de Daniel Maghen. Mais en amont de ce contexte, la raison d’être de cet album est la mise en scène de territoires sauvages et verdoyants, dans laquelle excelle Patrick Prugne. Les forêts vallonnées et rocailleuses, les rivières sauvages, les cerfs et le grizzly sont les véritables personnages de cette aventure dessinée avec force lavis colorés. La fraîcheur de ces territoires sauvages se sublime une nouvelle fois. Elle est encore plus flagrante sur les planches en grands formats que l’éditeur-galeriste ne manque pas d’exhiber dans sa boutique au cours du mois de septembre 2020.
