L'histoire :
En juin 1788, la Boussole, le navire du Capitaine de la Pérouse, est en perdition, en proie à des déferlantes monstrueuses, du côté des îles Salomon. La tempête est trop forte, le navire sombre. Trois marins parviennent à s'agripper à un radeau de fortune et à rejoindre le rivage d'une île tropicale proche. Alors qu'ils s'en approchent, ils aperçoivent un des leurs, lui aussi rescapé, être happé dans la gueule d'un énorme crocodile. Ils en déduisent qu'il leur faut vite grimper dans les hauteurs de la mangrove, car le rivage est hostile. Ils y attendront la fin de la tempête. Quelques heures plus tard, à quelques encablures de là, l'autre navire de l'expédition, l'Astrolabe, s'est échoué sur des rochers, avec des brèches fatales sur son flan. La tempête s'est calmée, le capitaine du bord organise à la hâte l'évacuation de tout ce que la frégate compte d'outils, de vivres, d'armes et de richesses, avant que leur navire ne coule par le fond. Tandis que certains s'occupent d'enterrer les corps de leurs compagnons retrouvés morts sur le rivage, trois autres partent en expédition dans la forêt alentour, pour anticiper d'éventuels dangers. Ils font bien : à distance, ils aperçoivent l'un des leurs, un camarade rescapé, se faire décapiter par des indigènes. Ils comprennent qu'ils ont certes survécu, mais peut-être pas pour longtemps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qu'est-il arrivé à la Boussole et l'Astrolabe, les deux frégates de la Marine Royale française parties de Brest en 1785 pour un tour du monde scientifique, naturaliste et commercial, sous le commandement du Capitaine de la Pérouse ? On perdit tout bonnement leur trace en juin 1788, au terme d'une ultime escale du côté de l'actuelle Sydney... Leur destin est longtemps resté un mystère, avant que leurs épaves ne soient identifiées dans les fonds marins de l'île de Vanikoro, un îlot des îles Salomon (Nord-Est de l'Australie, 1000 km au Nord de la Nouvelle Calédonie). La tragédie hypothétique des naufrages a chatouillé l'imaginaire de Patrick Prugne, au point de l'inciter à en extrapoler en BD une version plausible. L'auteur complet s'est appuyé sur les indices retrouvés sur place, mais aussi des témoignages transmis au fil des décennies par la tradition orale chez les naturels (indigènes). Prugne débute ainsi son récit dans le feu de l'action : en pleine tempête, avec un équipage en perdition. Une moitié de marins rescapés du double naufrage découvrent alors que les habitants – indiens et animaux – de l'île sur laquelle ils survivent sont franchement hostiles... Leur survie ne serait-elle qu'un sursis ? Et pour compléter l'aventure, une intrigue se noue autour de la possession bassement cupide d'un coffre au trésor, un élément indispensable à toute histoire de naufrage et d'île tropicale sauvage. Car en ce temps, on n'allait pas au confins du monde connu sans quelques richesses permettant des transactions. C'est tout cela que raconte cet album – et bien plus encore – publié par l'éditeur-galiériste Daniel Maghen, chez lequel Prugne a son rond de serviette – et son crochet mural pour l'expo-vente à venir. Sur le plan graphique, toujours en couleurs directes traditionnelles à l'aquarelle, Prugne s'appuie sur quelques automatismes fort agréables concernant la jungle luxuriante, dans des teintes toujours très vertes. Il diversifie son panel avec de vieux gréements, les villages, les plages de cocotiers... Une nouvelle fois superbe et exotique !