L'histoire :
Sur une île magnifique qui n'est autre que la Corse dans un monde futur, une jeune voleuse-à-la-tire nommée Agughia s'empare du sac qu'un inconnu porte en bandoulière et s'enfuit sur son autoglide, une sorte de scooter volant. La police municipale se lance à sa poursuite, tout comme un étrange personnage au visage partiellement reconstruit de pièces de métal. Le propriétaire du sac volé travaille pour la société Radius, un immense conglomérat qui a en charge le réaménagement de l'île. Radius propose des destinations touristiques à tous ceux qui viennent des Ailleurs, ces lieux de vie dans l'espace pour les riches privilégiés qui ont échappé au dérèglement du climat. Sur l'île restée belle malgré les constructions démentes liées à l'industrie touristique, il existe des mouvements de résistance au développement frénétique, mais personne ne sait si Agughia en fait partie, ni si elle avait une raison particulière de s'attaquer au personnel de Radius. D'ailleurs, la jeune femme ne parvient pas à ouvrir le sac volé, son contenu est mystérieux, tout comme les motifs de ceux qui veulent absolument le retrouver...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot futuriste autour des enjeux du tourisme dans un monde d'après le dérèglement climatique foisonne d'idées visuelles bigarrées. Dès les premiers pas en sortant de l'aéroport de Figari, on découvre les rues bondées, les engins semi-volants, les constructions incroyables dans la ville, des décors ou des machines qu'on ne verra qu'une fois. L'auteur Hughes Micol s'offre un plaisir graphique en inventant à tour de bras, sur des couleurs vives volontairement rétro, une approche qui peut rappeler Philémon, Le Vagabond des Limbes ou Valérian, selon les moments. Mais aussi le style plus moderne de Frederik Peeters. Ses cases comportent souvent des premiers plans avec des figurants très typés, comme dans les plans fixes des grands classiques. Sur le plan technique, Micol n'est pas un surhomme et on sent que l'album a été produit avec une certaine rapidité et vivacité. Mais il sait composer des moments de vraie beauté graphique, comme lorsque Agughia se dirige vers le petit cimetière en page 33. Certaines idées visuelles pour représenter le tourisme de masse sont très bien trouvées... on laissera au lecteur la surprise de la découverte. Les dialogues sont parfois percutants et les enchainements réussis. Le sujet un brin moralisateur reste relativement en retrait pour privilégier le suspense autour du fameux sac volé. Un album très dépaysant qui confirme après Le Printemps Humain que Micol peut creuser un vrai sillon d'auteur SF contemporain.