L'histoire :
Dans le Northland, naître avec un membre en moins signifie qu'on a été puni par les Dieux. Surnommé dès lors « skraëling », l'enfant est généralement tué à la naissance. C'est ce que le père d'Asgard aurait du faire il y a 40 ans... mais il a alors refusé de rajouter une malédiction supplémentaire à sa maison. L'enfant a bien grandi depuis lors. Et ce n'est pas l'absence d'un pied qui l'a empêché de bourlinguer et de se faire une jolie réputation. Certains surnomment Asgard : « Pied de Fer ». Un matin, il aperçoit sur le rivage une jeune esclave affranchie. A demi-consciente, Sieglind raconte à son samaritain son triste sort. Un Krökken, un monstre marin, s'est abattu sur son navire. Le pire est que cette créature sème le chaos dans toute la région, décimant la population et détruisant les bateaux. Asgard accompagne alors Sieglind jusqu'à son village et propose ses services contre une forte somme d'argent. Les villageois sont désemparés. Parmi eux, Kristen, une veuve du clan des Aardvern, lui octroie son bateau, le dernier encore à flot, ainsi que ses deux bras. Sieglind compte bien venir, elle aussi. C'est finalement lorsqu'un guerrier arrive et consent à payer la somme qu'un équipage se forme pour aller tuer la créature...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les vikings sont une source d'inspiration inépuisable. Outre une série télévisée très réussie (Vikings), les normands ont aussi marqué d'une manière indélébile la bande dessinée avec la saga de Jean Van Hamme Thorgal. Passer derrière un tel best-seller était un challenge... mais c'est mal connaître Xavier Dorison qui relève le défi haut la main. Tout d'abord, il nous présente un héros particulièrement charismatique. Asgard a la quarantaine, une jambe de fer et un caractère bien trempé. Ce mercenaire se lance dans une aventure spectaculaire et épique : il doit éliminer un Krökken, une sorte de murène géante. Côté ambiance, nous sommes clairement dans la continuité des premiers opus de Thorgal. Les différents personnages se dévoilent au fil des pages, la narration est très fluide et évite les textes inutiles. Construit en deux parties, le récit alterne avec ingéniosité la position du chasseur puis du traqué. La tension monte ainsi crescendo et rappelle par moult aspects le Mody Dick d'Hermann Melville. Et ce n'est pas qu'une histoire de jambe en moins ! La mythologie viking est également bien respectée avec les références et la terminologie particulière. Le souffle épique est en outre parfaitement mis en scène par Ralph Meyer. En permanence inspiré, le dessinateur excelle avec ses cadrages cinématographiques. Cette intégrale réunit les deux albums déjà parus. Mais au vu des qualités présentes, espérons voir le duo signer une suite... même si cela risque d'être fortement compromis par l'arrivée de Xavier Dorison sur la série Thorgal, en remplacement d'Yves Sente.