L'histoire :
Il y a 40 hivers, les Dieux du Northland l’ont puni en faisant de lui à la naissance un skraëling, littéralement « un homme laid ». Différent parce que né avec un seul pied. Son père aurait dû s’en débarrasser pour éviter que sa maison soit marquée du sceau de la malédiction. Mais il n’a pas pu. Et en une ultime ironie, il lui a donné le nom d’Asgard, nom du royaume que les Dieux lui avaient refusé… On le surnomme aujourd’hui « Pied-de-Fer ». Et ce matin là, il recueille sur le rivage Sieglind, une jeune esclave affranchie et à demi-consciente, la seule survivante du naufrage d’un petit navire de pêche. Comme bien d’autres avant lui, l’équipage vient de faire une funeste rencontre : un Krökken, un monstre marin sorti des enfers. La bestiole immonde fait des ravages en décimant la population du village de Dyflin ou en empêchant les drakkars royaux de prendre la mer pour livrer combats et rapporter leur butin. Asgard n’était pas là par hasard. Il est en effet un chasseur de monstres réputé. En raccompagnant la jeune fille à Dyflin, il propose d’ailleurs aux villageois de ramener la tête du monstre contre 1000 talents d’argent. La somme est rondelette. Kristen, du clan des Aardvern, lui offre pour tout paiement ses deux bras et son navire, le dernier du village. Svenn Larssen, le scalde, propose quant à lui ses talents d’ancien marin expérimenté. « Pied-de-fer » s’apprête à refuser ses offres, quand un valeureux guerrier de la garde royale propose sa vaillance et 2000 talents d’argent. Après quelques préparatifs, l’équipage prend la mer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Complices pour l’ouverture du spin-off dédié à XIII (XIII Mystery –01- La Mangouste), Xavier Dorison et Ralph Meyer rempilent pour une virée sur les eaux du Northland, ses Vikings teigneux, ses Dieux coquins et son monstre marin... Au centre du récit : un quadra maudit (en raison d’une infirmité congénitale), ex-guerrier, solitaire et chasseur réputé de grosses vilaines bestioles. Pour faire craquer sa grosse carapace : une orpheline animée d’une redoutable énergie. Tout autour s’anime alors, avec une justesse rigoureuse, un univers viking dont les contours esquissés dans ce premier tome rappellent ceux de Thorgal, ni plus ni moins. Très habilement pour autant, le récit évite tout pantouflage, qu’il s’agisse de peaufiner psychologie ou passé des protagonistes ou de décrire d’un ton docte l’univers celte, ses us et mythologies. Xavier Dorison choisit ainsi d’aller à l’essentiel en fournissant les informations nécessaires, mais sans utiliser le moindre fil de broderies. L’action avant tout, le rythme, le dynamisme et la justesse du tempo pour suivre d’abord une chasse au gigantesque monstre marin. Le canevas utilisé, la tension qu’il engendre, la manière dont les protagonistes se dévoilent au fil du récit, clignent allégrement de l’œil (sans aucun doute de façon parfaitement assumée) du coté de Moby Dick pour une identique capacité à nous harponner au récit de bout en bout. Parfaitement maîtrisé, avare en dialogues, diablement fluide, l’ensemble s’avale aussi goulument qu’une gorgée d’hydromel dans un gosier asséché. C’est d’ailleurs peut-être bien là son principal défaut. Pour autant dédié principalement à l’aventure et l’action, le récit (prévu en 2 tomes) s’ouvre un large potentiel. Dorison n’explore en effet que par petites touches parcimonieuses le profil de son personnage principal en laissant plusieurs balises qui, exploitées a posteriori, pourraient nous offrir une série au long court. Le travail de Ralph Meyer est quant à lui un sérieux atout pour la réussite de ce projet : son trait augmente la fluidité de l’ensemble (en comblant parfaitement l’absence régulière de texte) ; les planches sont aérées et dédiées au mouvement ; le cadrage toujours judicieux pour une colorisation juste. Bref, son talent explose littéralement et font de cette entame un véritable petit bijou.