L'histoire :
Lorsque Bob Marone reçoit un coup de fil paniqué de sa mère, il n'hésite pas un instant avant de se rendre à la Maronière. Il quitte l'appartement parisien en compagnie de son ami Bill Gallantine et se pose mille questions sur la route. Une fois sur place, il faut quelques jours pour obtenir l'explication de cet appel. Frank Veeres, le richissime ami américain de Bob, a utilisé la machine à voyager dans le temps imaginée par le professeur Clairensol : le temposcaphe. Il se trouve désormais en plein crétacé, sans possibilité apparente de retour. Bob décide alors d'aller retrouver son ami. Accompagné de Carlotta, la femme de Frank, de son fidèle serviteur Alphonse, et bien entendu de Bill, Marone se retrouve bientôt au temps des dinosaures. Les recherches débutent sans tarder, la gourmette de Frank ayant été retrouvée sur le sol. Les traces du scientifique sont encore visibles. La troupe se met alors en route, mais réalise bientôt que ses armes seront insuffisantes face aux dangers qui les menacent. Bill et Carlotta doivent donc retourner dans le présent et revenir aider leurs amis avec des armes plus puissantes. Mais les secrets les plus enfouis vont refaire surface à l'occasion de cette aventure et feront basculer les certitudes de Bob Marone, quand il se retrouve seul avec Carlotta...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Globalement mélangés dans l'imaginaire commun entre des romans d'aventure des années 50, une série BD à grand succès et le premier tube d'Indochine, les noms de Bob Morane et Bill Ballantine sont entachés d'un second degré indécrottable qui méritait d'être exploité. C'est ce que fit le jeune scénariste Yann en 1984 (deux ans après Indochine, donc), en démarrant avec son compère Didier Conrad une parodie très culottée. Puisqu'elle fait de Bob et Bill, deux amis aventuriers qui passent leurs nuits dans le même lit. C'est un peu toutes les séries cultes des années 50 à 70 que Yann dégomme en une seule fois, toutes celles ou deux hommes partagent étrangement leur quotidien, loin de toute image de femme et sans la moindre connotation sexuelle. Un peu comme si Alix, Lefranc, Tintin, Spirou, Astérix et tous les autres devenaient les amants de leurs compagnons de route. Réédité près de 30 ans plus tard, ce diptyque au troisième degré tient d'autant mieux la route qu'il perd un peu de sa force de provocation, au profit d'un humour efficace qui confirme, avec le recul, le talent naissant de ses scénariste et dessinateur. Conrad réalise de très belles cases aux ombres menaçantes et positionne ses personnages avec un dynamisme remarquable. Avec en plus un petite touche « sale » qui sortait du rang à l'époque et a fait école depuis. Et Yann réussit à faire comme si l'aventure de ses héros était le cœur de son propos, en la parsemant de touches de dérision progressives et irrésistibles, pour finalement tout envoyer promener dans une scène de sexe entre les deux héros, drôle et provocatrice. Dynamiteurs du politiquement correct au sein même du magazine Spirou avec leurs Innommables au début des années 80, les deux auteurs se sont transformés en valeurs sûres du 9ème art, Conrad devenant même le tout nouveau dessinateur du renouveau d'Astérix à paraître fin 2013. Une information qui prend toute sa saveur en voyant le Bill Gallantine du Dinosaure Blanc imiter Obélix qui porte un menhir. Du troisième degré d'anticipation...