L'histoire :
De nos jours, dans le square parisien Georges Brassens, le petit Raoul creuse, angoissé, dans un bac à sable. Son copain Hugo y a en effet perdu Bavoubeurk, son monstrapoche favori ! Soudain, un drôle de canard entame la conversation… et s’enfuit avec le Bavoubeurk ! Raoul et sa sœur le rattrapent et négocient avec lui le Bavoubeurk contre une clé magique, celle du café des sportifs. Le café des sportifs, c’est une sorte de paradis où vont les gonzes qui méritent qu’on se souvienne d’eux, quand ils meurent. Ça tombe plutôt bien, car le papa de Raoul doit faire des recherches sur Georges Brassens, pour son prochain bouquin. Du coup, les enfants se disent qu’ils peuvent peut-être lui filer un coup de pouce en y allant enquêter… D’entrée, ils tombent sur un grand type qui joue de la guitare. Serait-ce lui, Brassens ? Non, lui, c’est Jeangot Renard, un manouche qui leur indique que contrairement à ce que disent les journaux, Brassens n’est pas mort ! Il est à Tokyo, pour qu’on lui fiche la paix. Effectivement, les deux enfants le retrouvent en train de faire des brasses dans la piscine du Peninsula Hôtel. Il est très sympa et leur explique rapidos quelques trucs de base sur la vie. Il leur conseille aussi d’envoyer leur papa, qui doit faire un bouquin sur lui, chez Clémentine Déroudille, qui est plutôt douée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lors des soirées guitare-feu de camp, il y en a toujours pour entamer L’auvergnat… et tout le monde de reprendre en cœur. Pilier de la chanson française de la seconde moitié du XXe siècle, Georges Brassens a puissamment marqué notre culture sur le long terme, sans doute au même niveau que les poètes de jadis. Pourtant, sans doute aussi se fourvoie-t-on en lissant une figure paternelle à l’image qui subsiste, dans la mémoire collective, concernant ce poète libertaire aux penchants anarchistes, qui avait réussi à n’être asservi à rien d’autre qu’à sa vision humble et humaniste du monde. Ils s’y sont mis à deux pour commettre cet épais bouquin hommage, d’une remarquable densité. Tantôt Johann Sfar laisse t-il courir sa verve BD particulière, mettant en scène ses enfants ou imaginant que le vieux sanglier est encore en vie, au Japon et qu’il est un accro aux jeux vidéos… Sur cette ligne, c’est un peu « Georges Brassens raconté aux enfants ». Les approches de Sfar sont toujours d’emblée déroutantes et loufoques, avec un soupçon de prétentions, mais elles sont loin d’être idiotes. Brassens n’aurait sans doute pas renié cet angle d’attaque irrévérencieux et libre, parfois saugrenu, souvent pertinent. Puis, tantôt la journaliste Clémentine Déroudille – qui pour l’anecdote est la petite-fille de Robert Doisneau – produit-elle plein de textes qui permettent aux fans (et ils sont nombreux), de creuser le personnage, sa biographie, sa philosophie, son humanisme. Ses premières années de « joyeuse misère », ses débuts, sa notoriété fulgurante et irréversible, qui le gênera toujours aux entournures… Enfin, tantôt des photos inédites et des pages et des pages de ses carnets de bord manuscrits, permettent-elles d’entrer véritablement dans l’intimité du poète et de cerner avec jubilation son inspiration. Un immense bonheur pour les fans du chanteur !