L'histoire :
En mai 1999, deux caïds mafiosos guettent d’éventuelles proies sur un littoral estival de la côte Bulgare. L’un d’eux, Nusret, évoque l’idée de faire fortune dans l’hôtellerie… L’autre, Zani, lui prouve que leur situation est déjà idyllique, en passant à l’action : deux charmantes jeunes femmes viennent d’installer leur serviette pour faire bronzette. Il s’approche en solo et se fait passer pour un agent de l’agence Elite. Il les dupe d’un baratin parfaitement rodé et parvient à rompre la méfiance de l’une d’elle. Ensuite, il appelle Nusret, le soi-disant « photographe de l’agence Elite » et une séance bidon de clichés finit de mettre les filles en confiance. Le soir, c’est resto, alcool à gogo, rails de coke et cela se termine logiquement en partouze. Le lendemain, les filles suivent leurs nouveaux « employeurs » sans trop se poser de question et se retrouvent peu à peu et insidieusement embrigadées dans un abominable réseau de prostitution. 6 ans plus tard, Clara et Zoran de la cellule officieuse « Poison », sont en Albanie pour poursuivre leur longue opération d’infiltration et de démantèlement. La mission est délicate : Ana, la sœur de Zoran, est l’une des prostituées sous la coupe de ce système mafieux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’instar des deux premiers tomes, Laurent Astier poursuit la trame sinistre de son polar hard-boiled à la française. Pour ce faire, il continue d’entremêler dans le désordre les unités spatio-temporelles, comme autant de pièces d’un passionnant puzzle, que le lecteur reconstitue peu à peu de lui-même. Ce type de construction entre séquences au présent et flashbacks pourra peut-être rebuter les amateurs d’enquêtes classiques, mais il faut avouer que cela se lit de manière relativement limpide. Cette fois, un large (et multiple) focus est porté côté mafieux : dans les balkans, nous suivons le processus par lequel les mafieux embauchent de la chair fraîche. Par ce décorticage patient et méticuleux, on comprend pourquoi il est impossible ensuite pour ces filles de sortir de ces réseaux. En outre, chaque chapitre est balisé par la désormais habituelle esthétique bichromique, volontairement vieillotte, qui renforce le sordide de l’ambiance. Bref, c’est une nouvelle fois parfaitement ficelé, originalement traité, habilement agencé, cohérent et prenant… mais on aimerait bien que tout cela se débloque un jour ! Car au bout de trois tomes de flashbacks – certes fondamentaux et intéressants – Clara et Zoran n’ont pas trop avancé dans leur enquête. Pour cela, il faudra peut-être attendre la sortie du tome 4 : Dans les serres de l’aigle…