L'histoire :
L'équipage hétéroclite et sa cargaison de fusils poursuit sa route sur l'océan atlantique. Un des objectifs étant la livraison aux guerilleros mexicains, en pleine révolution, d'un nouveau stock d'armes, le dénommé Sonriso semble mener la danse à bord du Saroya. Mais une tempête se lève et le pilote semble à bout de ressources face aux murs de vagues qui assaillent le bateau. Il faut que le capitaine Tana intervienne personnellement dans les consignes de pilotage pour sauver le bateau d'une vague gigantesque. Malgré son relatif isolement, passant la plupart de son temps enfermé dans sa cabine, le capitaine réaffirme avec éclat son statut de seul maitre à bord. Témoin silencieux des échanges et des coups bas entre membres de la traversée, il observe avec hauteur et dégoût les turpitudes de l'âme humaine rassemblées sur le pont de son navire. Perdu dans son journal intime dédié à une mystérieuse femme africaine, victime de douleurs dont seuls semblent pouvoir le soulager les secrets d'un matelot indien, il semble garder pour lui les enjeux de cette aventure. Alors que l'équipage s'approche de son ravitaillement dans l'archipel des Açores, Sonriso exige de voir sa cargaison. Le mexicain semble douter que toutes les caisses de fusils soient encore présentes à bord. Il descend alors dans les cales pour une vérification, encadré par les hommes du capitaine Tana...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après l'effet de surprise du tome 1, le deuxième volume de cette aventure est celui de la grande plongée pour le lecteur. Ceux qui connaissaient les œuvres plus intimistes de Bruno Le Floc'h (Trois éclats blancs) avaient pris comme une claque l'irruption d'une violence sans foi ni loi sous la plume de dessinateur breton. L'arrivée en grand format de son trait minimaliste était aussi une surprise, avec des aplats de couleur qui vous sautent au visage. Le Floc'h sait ce qu'il fait, et le traitement visuel de cette saga maritime est incroyablement juste. Balayant d'un trait l'influence évidente d'Hugo Pratt (le pilote ressemble à un Corto Maltese... avec des kilos en trop), il alterne avec fluidité les tailles de cases, utilisant avec bonheur la liberté que lui donne le grand format. Un ciel immense et monochrome emplit l'espace au dessus d'un bateau sur la surface de l'eau, imposant un silence dont la narration tire tout le bénéfice. La tension monte entre les personnages, le mystère reste entier sur le sort qui est réservé à l'équipage et sa cargaison. Et lorsque les élements se déchainent, c'est avec frénésie que le lecteur tourne les pages. En relisant les deux tomes parus, on apprécie d'autant mieux l'affirmation progressive des personnages, et l'habileté avec laquelle l'auteur construit l'ambiance de son univers de grand large. La place que tiennent les caractères et les personnalités sur le pont d'un cargo perdu en pleine mer est parfaitement rendue. Le suspense se construit sur une intrigue minimaliste, alors que la destination finale du cargo approche. Captivant !
