L'histoire :
Frère Tchetchnak et frère Rushzbek sont partis à la chasse avec leurs confrères du monastère. Mais le gibier est rare et les poulets de panurge tant espérés ne se montrent pas. Ils se rabattent alors sur de très beaux champignons, des cèpes de vignette dont ils cueillent deux énormes sacs. Le soir, le dîner remporte un grand succès. Mais lorsque les deux compères remontent de la cave à vin où ils ont passé du temps à picoler, ils retrouvent les autres moines pétrifiés, leurs corps devenus blanc et noirs comme les champignons de la cueillette. L'intoxication semble évidente ! Le docteur Colostrum constate le lendemain matin que les cloches du monastère n'ont pas sonné. Voilà une nouvelle préoccupation alors que, par ailleurs, la patiente qu'il attend pour un accouchement, la princesse Béatrix XIX ne se montre pas. En parcourant le journal l'Horror, il apprend qu'elle a en fait pris la fuite, aux dépens de son père le roi Snot 404, ce qui n'est pas une bonne nouvelle, puisque c'est lui qui était censé payer la facture ! Un bel imbroglio se dessine, ce que l'auteur de cette histoire aimerait mieux comprendre de l'intérieur. Il va alors tenter d'intervenir !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cet album de BD humoristique qui part dans tous les sens, Jean-Christophe Menu, co-fondateur de l'Association dans les années 90 et pionnier de la BD alternative actuelle, se laisse emporter dans une sorte d'écriture automatique au second-degré faussement improvisée. A mesure que les personnages apparaissent autour des deux moines cueilleurs de champignons et de la princesse qui va accoucher, le ton absurde et drôle prend de plus en plus de cohérence et parvient à donner sa touche à cet album, en particulier au moment où l'auteur décide d'y entrer. Sur un ton totalement incorrect, une voix off qui ne cherche pas à construire ses interventions, il enchaine des situations de plus en plus compliquées et prend un malin plaisir à y mettre fin de manière parfois surprenante. Il choisit des sujets de moquerie pas consensuels, comme ce policier qui parle en écriture inclusive. Son dessin est totalement typique du genre, rapide et expressif. Il sera insupportable pour certains, tandis que d'autres y verront un nouveau standard qui a inspiré des auteurs très mainstream comme Jul. Probablement bourré de références positives ou moqueuses – au-delà d'une piscoumobile déglinguée et d'un chanteur de Motörhead à tête de mort – l'album va crescendo dans une folie volontiers un peu trash, tout en montrant l'œil moqueur du scénariste-dessinateur sur lui-même. On y trouve donc des moments drôles, mis en scène avec beaucoup d'efficacité narrative, qui montrent à quel point Menu a digéré les classiques qui l'ont précédé. L'histoire se termine avec une image de banquet à la Astérix, une allusion respectueuse accessible à tous.