L'histoire :
Comme toutes les adolescentes de son âge, Béatriz est un peu fleur bleue. A peine vient-elle d’emménager dans cette nouvelle grande ville, elle a déjà l’impression d’attirer quelques convoitises non souhaitée (des inconnus la suivent en scooter), alors que parallèlement, elle perd tous ses moyens devant les mecs qu’elle trouve mignons (surtout Justin). Elle déprime aussi un peu… le sentiment de ne pas être comprise par ses profs ou ses parents… Il faut dire que sa mère est un top-modèle absorbée par ses défilés, et que son père est « homme-d’affaire-qui-a-réussi », quasiment toujours absent du foyer. Ces professions parentales particulières alimentent les fantasmes de ses copines, mais ça n’est pas forcément euphorisant à vivre au quotidien. Ça l’est encore moins lorsque son portable se met en mode haut-parleur et que toutes ses nouvelles copines entendent son petit surnom : CutieB. La honte ! Le soir venu, elle chatte un peu sur le net et fait la rencontre de « mysterious guy », un inconnu qui la drague en lui faisant passer le tube MP3 que tout le monde recherche. Au fil des conversations, elle comprend que cet inconnu est forcément proche d’elle car il connait trop de choses de son quotidien. Elle se met alors à espérer qu’il s’agit de Paul… ou plutôt de Justin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture fashion et la typo acidulée n’auront trompé personne : CutieB s’adresse aux adolescentes d’aujourd’hui et leur raconte… des histoires d’adolescentes d’aujourd’hui. On aurait pensé retrouver aux manettes d’un tel scénario une midinette un peu fleur bleue, fraîchement sortie de son école… Beuurp, tout faux ! La midinette en question s’appelle Richard Marazano… Oui, celui-là même qui scénarise d’habitude des aventures high-tech (Le complexe du chimpanzé, Genetiks) et/ou glauques (Dusk) et/ou mafieuses (Cuervos), plus viriles quoi, et qui prend ici le contrepied total de son registre de prédilection. Le dessin est quant à lui l’œuvre de la plus écossaise des chinoise, illustratrice mensuelle dans Cosmogirl (l’édition américaine du Cosmopolitan destinée aux adolescentes), Yishan Li, qui suit une ligne 100% manga. A priori (les midinettes confirmeront) la problématique fleur bleu est atteinte en tous point. Le lectorat cible – pour lequel le téléphone portable, MSN et les MP3 sont trois mamelles indispensables – devrait adhérer. Cette mise en bouche est fraîche, vitaminée et légère comme un yaourt de régime au pamplemousse : ça se lit sans déplaisir et on se pique de savoir qui est le mystérieux inconnu qui drague CutieB via Internet (le coup du prince charmant marche encore à fond les ballons !). Le scénariste pousse même le bouchon jusqu’à ironiser sur la futilité du propos, avec CutiB devant un devoir sur le Darfour : « Je comprends pas ces gens qui ne se soucient que des détails insignifiants de leur petite vie alors que le monde va si mal ».