L'histoire :
Aujourd’hui, Hubert, stagiaire depuis 6 mois au siège d’une grosse boîte, a un entretien avec le big boss. Il est zen, souriant, l’esprit gagnant… mais il passe quand même en urgence aux toilettes avant. Après avoir scruté son CV et passé en revu ses nombreux diplômes d’études supérieures, Roland lui propose en CDI un poste de… secrétaire. En effet, Jean-Luc (responsable des ventes) un imposant directeur taureau-morphé, redouté de tous, en attend une depuis des semaines. S’il est d’abord déstabilisé par la masculinité inhabituelle de son assistante, Jean-Luc prend néanmoins Hubert sous sa coupe. Cela change tout pour Hubert : il va faire la même chose, mais en étant payé ; il se demande si Mélanie va désormais lui faire la bise le matin ; il va toujours chercher les cafés de Walter… Bon, ok, en fait, ça ne change rien, mis à part qu’il est en « période d’essai » d’un mois renouvelable. Dès lors, il a l’impression de sa balader avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. En plus, avec la crise, c’est chaud en ce moment ! Les collègues se rassurent en se disant que l’arrivée d’un nouveau les éloigne chaque fois un peu plus de la zone du plan social. Et ce couillon de boss fait de l’humour à deux balles, en sifflotant le matin : « mais qui vais-je pouvoir virer aujourd’hui… »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour le second tome James réitère le même type d’exercice que pour Le retour à la terre ou Victor Lalouz (dans la même collection) : un enchainement de running-gags d’à chaque fois une demi-page. Le sujet est le monde de l’entreprise vue par la lorgnette bureaucratique : les réunions, les rapports de dominants-dominés, les coupures de réseau, la gestion des carrières, la mentalité « corporate », les rumeurs de délocalisation… Stagiaire à tout faire dans le premier volume, Hubert progresse au tout début du premier tome, puisqu’il est embauché en CDI. Cela dit, cet aspect ne change strictement rien à sa mission (corvéable à merci) ni à son comportement (la menace de la période d’essai l’oblige toujours à faire ses preuves). Au fait… ils font quoi, exactement, dans cette entreprise ? Oups, cette question serait limite hors-sujet. James trouve donc à nouveau 92 situations finement comiques, cernant à merveille l’absurdité des comportements et des relations au sein d’un open space moderne (obligation de tutoiement, même avec le directeur). Ce faisant, il se révèle un véritable entomologiste-sociologue de la vie de bureau, avec une pointe de cynisme bienvenue. Son dessin est « nouvelle vague normé » (new wave’s touch ?), c'est-à-dire d’allure rapide et spontanée, mais d’une parfaite maîtrise, rehaussé par une colorisation sobre et elle aussi moderne de Patrice Larcenet (frère de l’autre). Notons au passage que l’emploi futé d’un aréopage de protagonistes zoomorphes permet de cerner d’emblée les caractères des différents acteurs. Un humour fin pour une lecture très plaisante…