L'histoire :
Une équipe de télévision s’immerge pour plusieurs jours dans la boîte où travaillent James et Hubert. Il s’agit de tourner un reportage réaliste pour montrer de l’intérieur comment une entreprise se débat au quotidien face à la crise. Face caméra, Roland, le boss, adopte une attitude très zen… mais en fait, c’est la panique : il planifie les réunions stratégiques dans le sous-sol, le soir, tard. Et plus les jours passent, plus le journaliste pose des questions qui fâchent. Pour s’en débarrasser, Roland adopte alors une solution extrême : il envoie l’équipe interviewer la compta… Plus tard, l’entreprise accepte un visiteur pour quelques jours de présence thérapeutiques : John-David est un trader accro aux bonus, qui se remet difficilement du coup de frein généré par la crise. Il s’émerveille de voir qu’ici, on fait de vraies ventes de vrais produits à de vrais gens dans de vrais magasins… et croit que le salaire de 1600€ est versé par jour. Vient ensuite pour Hubert l’heure de l’entretien annuel… Puis l’annonce catastrophe par la direction d’un fléau annoncé : le virus de la grippe A… Puis la perspective d’un créneau marketing en vogue et générateur d’économies : l’écologie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la stricte lignée des deux précédents recueils, ce troisième tome condense 92 « gags » de 6 cases, pré-publiés chaque semaine dans le magazine Challenges. Ici, la satire humoristique singe finement la bienheureuse vie socio-économique au sein d’une entreprise moderne, en autant de saynètes zoomorphiques amusantes. Ici, peu importe le produit (on sait vaguement qu’il s’agit de commercialisation de fringues) ou les contingences de terrain : seul la vie administrative et les rapports inter-collègues dans les couloirs du siège nous intéressent. Le comptable mono-cérébral, le DRH redouté, le responsable informatique sur le départ, la secrétaire bombasse… L’auteur met en scène tous les corps de métiers, lui-même y compris (sous son apparence de gros ours blanc, déjà croisé dans ses précédentes productions) dans le cadre d’une vie de bureau confraternelle. Or, après 3 tomes, James parvient habilement à se renouveler, en surfant sur le mode du running-gag, de sujets d’actu en sujets d’actu : ici la grippe A ou les velléités de discrètes recherches d’emploi, là les dérives des traders ou encore la manne économique que procure la providentielle écologie. Autre nouveauté : le personnage d’Hubert est de moins en moins au centre des gags, au profit du patron (un rhino), ou tour à tour des autres cadres de l’entreprise. Si on sourit plus qu’on ne rit à gorge déployé, reconnaissons que ces gags aigre-doux font très souvent mouche. Il faut dire que les actualités politico-médiatiques actuelles, aux échos particulièrement fluctuants, sont propices à moult variations sur le thème. Et au vu du contexte, le concept a de beaux jours…