L'histoire :
Tout commence derrière un rideau. Yaël nous le dit dès le départ, alors qu'elle n'est encore qu'une enfant : sa prise de conscience d'elle-même et du monde a débuté, et pris fin derrière un rideau. En région provençale, au début des années 1930, Yaël vient d'avoir huit ans et elle assiste chez elle à une grande fête, un grand rassemblement de famille. Il y a leur gouvernante, leur oncle et leur tante, leurs grands-parents, des amies de leur mère, le voisin, et deux femmes blondes qui sont de lointaines parentes de son père. Lors de cette réception, Yaël perçoit que l'état de santé de sa mère s'aggrave, elle tousse beaucoup. Personne ne lui en a dit plus, mais elle sent que la situation est grave... Pour passer le temps et se changer les idées, elle décide avec sa sœur Emilie et son cousin, de jouer à cache-cache. C'est Yaël qui commence à compter, et part ensuite à la recherche des autres enfants. Elle tend l'oreille, et entend du bruit dans une chambre. Elle voit le rideau s'agiter, elle s'approche à petit pas... Elle ouvre grand ses bras pour enserrer sa sœur et son cousin... Mais elle entend la voix de son père... Et il est accompagné de l'une des jeunes femmes blondes... Yaël part en courant. Le soir, lors du repas, son père ne dit pas un mot de l'incident. Et quelques jours plus tard, sa maman décède. C'est le début d'une succession d'incidents qui seront de plus en plus difficiles à vivre pour Yaël, d'autant que la guerre menace.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sara del Giudice est une jeune autrice d'origine italienne, qui a poursuivi ses études par un master BD à Angoulême. Elle signe ici sa toute première bande dessinée, qui s'inspire notamment du Journal d'Anne Frank. Nous suivons en effet le destin de Yaël, une enfant de 8 ans, entre 1932 et 1942. Ces dix années vont être décisives pour Yaël et sa sœur Emilie, qui vont passer de l'innocence de l'enfance, à la dureté de la vie, à la compréhension du monde qui les entoure. Un monde en guerre, où l'antisémitisme est de rigueur. L'insouciance des jeux d'enfants va être une première fois brisée par la découverte de l'adultère de son père, suivie par le décès de sa mère, et le remariage de son père. Cette première épreuve fera grandir Yaël et développera son esprit critique. Les années passeront et les enfants seront préservés par les adultes du tourment ambiant, de l'inquiétude qui les ronge. Mais Yaël va grandir, son corps va changer, et son envie de comprendre le monde va se faire de plus en plus intense. Elle va s'intéresser de plus près à la guerre, pour en comprendre les rouages. Et elle en viendra à se sentir directement concernée, car elle est juive. Cette histoire touchante est racontée, malgré la dureté du sujet, avec beaucoup de douceur. Le scénario et les illustrations ne nous confrontent pas à la violence directe de la guerre, mais nous invitent à l'imaginer, à la penser de façon plus psychologique. Nous avons le fil conducteur du rideau, qui montrera l'évolution de Yaël : il sera un terrain de jeu, un vecteur de la compréhension du monde, mais aussi un lieu refuge pour tenter de sauver sa vie. Ce roman graphique peut être découvert dès le collège pour découvrir le sujet de la Seconde Guerre mondiale.
