L'histoire :
Dans un village sur pilotis au cœur de l’Afrique, Kim Nelson est à la recherche du souvenir de son aïeule, plus précisément en quête de la perle noire qu’elle arborait. Sous une longue case cossue, Mister Mô lui explique qu’à présent la Djinn est devenue un mythe, les Orushi la vénéraient comme Anaktu, la déesse des fièvres et des anéantis. La perle est un joyau renfermant un précieux élixir, unique remède au mal de la princesse Saru Rakti qui vit dans le palais du Maharadja d’Eschnapur. La princesse connaît les secrets du trésor du sultan Murati et s’est autrefois confiée à Jade. Néanmoins, née au début du siècle passé, elle a cessé de grandir à l’âge de 12 ans, comme si le temps l’avait oublié ; seul l’élixir peut lui permettre de vivre une vie pleine et entière. Si Kim réussit, alors tous les espoirs lui sont permis. Il lui faut donc monter une expédition en territoire jadis Orushi. Mais l’aventure ne va pas sans risques, il est vrai qu’une Djinn n’a rien à redouter sinon elle-même…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ana Mirallès est au sommet de son art. C’est l’évidence qui résume ce 6e épisode d’une série annoncée en trois cycles, soit 12 tomes. Avec l’arrivée de Kim en terres africaines, au cœur du continent noir, le trait de l’artiste n’a jamais semblé si suggestif (d’autant que le mariage avec les couleurs est idyllique). Est-ce la chaleur ambiante à retranscrire ou l’atmosphère pénétrante (?) mais l’adéquation graphique au sujet paraît parfaite. Sans doute Ana Mirallès progressera-t-elle encore (elle peut encore mieux faire !) néanmoins sa maîtrise présente impressionne. D’une grande sensualité, esthétique et délicat, la plastique féminine comme masculine donne envie. En fait, la seule réserve réside dans un format d’édition qui, à l’évidence donc, parait aujourd’hui étriqué. Il y a fort à parier néanmoins qu’il demeurera (jusqu’à la fin du cycle du moins)… pour le seul bonheur de l’agencement sur l’étagère. Quid du scénario ? Si certains suspectent déjà la série d’essoufflement et regrettent (justement) le renvoi d’explications substantielles lors d’un 3e cycle indien, reconnaissons cependant que la copie remise par Jean Dufaux reste bonne et intrigante. Certes, la magie ottomane est derrière nous mais la construction du récit orchestre encore suffisamment de rebondissements pour continuer à intéresser (malgré l’abandon du flashback). La critique aura au moins le mérite de prévenir une éventuelle future perte d’âme… Alors pourquoi lire La Perle noire ? On n'y peut rien, Ana Mirallès nous a envoûté…
