L'histoire :
Au cours du match entre Galatasarai et Istambul, Steve Moreira mène son équipe de basket-ball vers une victoire assurée. Auteur de paniers tous plus superbes les uns que les autres, il survole le match malgré sa taille relativement modeste de moins de 2 mètres. Mais à l'occasion d'un temps mort, son entraîneur décide de le renvoyer vers le banc de touche, à la surprise générale. Le public du stade hurle sa désapprobation, tandis que les réseaux sociaux bruissent de questions et de rumeurs de trucage. Le basket de haut niveau ne fait pas exception au monde du sport en général, qui est devenu, en cette année 2029, une économie parallèle plus importante que celle de la drogue. Les enjeux sont tels que les seules performances sportives ne peuvent plus suffire à les gérer. Pourtant, Moreira revient sur le terrain, probablement sous la pression de la foule. Il réussit à donner la victoire à son équipe à la toute dernière minute. Dans son luxueux château de Padenborn, une mégapole située sur le territoire français, le milliardaire Paul Netter s'intéresse de très près à la performance de Moreira. Il finance depuis plusieurs années les recherches en biologie du cerveau humain menées par le professeur Erich Mandelberg, qui est tout près d'aboutir à des découvertes révolutionnaires. Tous deux sont d'accord pour faire une offre d'un type très particulier à la star du club d'Istanbul. Mais dans la nuit, alors que Moreira fête sa victoire en bonne compagnie dans une boîte branchée, les évènements vont prendre une tournure imprévue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur cette bonne idée d'un monde dominé par les enjeux financiers du sport et la mafia internationale qui les maîtrise, le scénariste-journaliste Denis Robert (bien connu pour son implication dans les révélations fracassantes de l'affaire Clearstream) construit un premier tome intéressant, même s'il reste un peu brouillon. L'histoire se situe dans un futur proche, dont les dimensions principales ne sont pas vraiment palpables (les voitures de 2029 ressemblent... à des voitures), tandis que la nature du personnage principal est encore incertaine. Héros ou victime ? Homme ou future machine ? Beaucoup d'inconnues émaillent le récit à ce stade. La profusion de personnages présentés dès ce premier volume rend très utile l'organigramme imprimé sur les pages de garde de l'album. Denis Robert adapte ici un de ses romans (éponyme), dont le résumé de l'éditeur suffit à comprendre la clé de l'intrigue à venir... ce qui n'est pas le cas lorsqu'on termine ce premier album. Le dessin de Franck Biancarelli est quant à lui réussi, donnant un très beau dynamisme aux scènes de basket et réussissant des mises en page fluides et très lisibles. Le style est fidèle à celui du Livre des destins et confirme son statut de dessinateur réaliste classique, qui prend ses influences auprès de prestigieux aînés américains (un visage en contre-plongée à la Gil Kane en page 35), ou européens (comme Christian Rossi). Pas de folie graphique néanmoins, le cahier des charges ayant visiblement été celui d'un grand sérieux pour rendre cette histoire efficace. Il va falloir en tout cas que le deuxième volume de cette aventure fasse le tri dans toutes les informations et toutes les directions évoquées, afin que le fonds de l'intrigue imaginée par le journaliste d'investigation prenne toute sa place. Tout dépendra du nombre de tomes que l'éditeur a prévu d'accorder aux auteurs pour mener à bien ce thriller économico-scientifique.
