L'histoire :
Elma, une petite fille de 7 ans, est éduquée dans la nature par un gros ours bleu, depuis que celui-ci l’a trouvée, bébé, dans un couffin. Au côté de ce protecteur pédagogue et légèrement bougon, elle est heureuse, espiègle et épanouie. Pour elle, la vie, c’est s’amuser parmi les obstacles naturels de la forêt et se nourrir de baies. Mais à l’approche de son huitième anniversaire, papa Ours se doit de respecter un « engagement ». Il doit ramener Elma à sa mère naturelle, dans un village situé de l’autre côté d’une chaine montagneuse. Le voyage à pied doit durer plusieurs jours, sans qu’Elma ne sache ce qui l’attend. Or les éléments semblent se liguer contre deux dans leur périple. Après avoir été avalée par une vague en traversant une rivière, ce sont désormais des averses de pluies et des éboulements de terrain qui les freinent et blessent papa Ours. Cependant, ce dernier fait montre d’abnégation et s’arrange toujours pour redonner peps, joie de vivre et confiance en elle à Elma. Or tandis qu’ils longent une rivière, voilà que le cours d’eau se met à se métamorphoser en « chasseur d’eau », qui tire de son fusil sur papa Ours ! D’où vient donc ce sortilège particulièrement ciblé et agressif ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome d’Elma, une vie d’ours mettait en scène un voyage initiatique adapté au jeune public. Particulièrement intriguant quant à sa finalité, le voyage entrepris par ce couple hétéroclite, composé d’un gros ours gentil et d’une fillette espiègle, se rapprochait quelque peu de celui exécuté par Mowgli et Baloo dans Le livre de la jungle, dans la version de Disney. A savoir : l’escorte d’un enfant sauvage vers la civilisation dont il est issu, par un gros nounours protecteur. La motivation de ce voyage scénarisé par Ingrid Chabbert était attendue avec ce second opus et elle ne manque pas d’être cohérente… bien que le principe de la prophétie soit souvent une solution de facilité. Il faut considérer cette prophétie comme un prétexte de fond, nécessaire pour le cadre, qui n’occulte jamais les sujets premiers de l’œuvre : l’incommensurable amour paternel / filial et la nécessité de grandir sur le chemin de la vie. En ce sens, cette aventure est une superbe et poétique métaphore de la prise de maturité. Déjà récompensée par le prix ACBD Jeunesse en 2018 pour les Croques, Léa Mazé dessine à nouveau ce second tome ; et ce diptyque mériterait tout autant de décrocher ce type de distinction en 2019. Une fois encore, le dessin de Mazé, stylisé, délicat et imprégné de couleurs douces et pastel, s’inscrit dans un découpage inventif et dynamique. Cette jeune auteur n’a que peu d’albums à son actif, mais elle se pose d’emblée comme une virtuose de la BD jeunesse.