L'histoire :
Elma a sept ans et depuis toujours, elle est éduquée par un ours, dans la forêt. Il lui apprend à grogner très fort pour impressionner ses ennemis, à grimper aux arbres… Il sait aussi l’enguirlander quand elle n’est pas assez prudente. Mais l’ours a parfaitement conscience que cette situation ne durera qu’un temps. D’ailleurs, une nuit, le vieil ami loup de l’ours se présente à lui, pendant le sommeil d’Elma. Le loup indique à l’ours que le temps lui est venu d’entreprendre un mystérieux voyage avec sa petite protégée. L’ours s’emplit aussitôt de tristesse. Dès le lendemain, après avoir fourni un copieux petit-déjeuner à base de baies sauvages à Elma, il se met en route avec la fillette. Elma est curieuse et aimerait savoir quelle est la surprise qu’il lui promet au terme du long voyage auquel il l’invite. Mais papa Ours reste mutique à ce sujet. La petite famille se met ainsi en route, marchant le jour, dormant la nuit à la belle étoile. Le parcours est jonché d’obstacles : une rivière abrupte à traverser sur un pont fébrile, ou des pluies torrentielles propices aux glissements de terrain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a un petit quelque chose du Livre de la jungle – la version animée de Disney, plus que le recueil de nouvelles de Kipling – dans l’éducation monoparentale de cette enfant sauvage par un gros ours protecteur et chaleureux. L’enfant est une fille, Elma et non Mowgli, l’ours ne s’appelle pas Baloo (il n’a d’ailleurs pas de prénom) et il n’est certes pas accompagné de la panthère Bagheera… mais l’objectif de la quête initiatique semble identique. L’ours emmène Elma à travers la forêt, surmontant les obstacles, résumant avec nostalgie les bonnes années passées, pour une séparation finale qui semble inéluctable – à en croire la tristesse de l’ours qui est initié à cette finalité, a contrario du lecteur. Ce récit jeunesse n’est pas plus complexe que cela, du moins dans cette première partie de diptyque. La suite et fin est d’ores et déjà annoncée pour le printemps 2019. L’album trouve sa grande plus-value à travers le joli dessin stylisé de Léa Mazé, tout en nuances d’ocres (la nature) et de bleu (l’ours, les cheveux d’Elma). La mise en scène, le cadrage et le découpage sont inventifs et réussis, et la tendresse qui émane des personnages rend cette quête initiatique très attachante.