L'histoire :
Céleste est une jeune adolescente que son entourage juge différente. Son environnement est comme ses pensées : sombre. Elle a l’impression que personne ne l’aime, elle se sent nulle et insignifiante. Seule dans sa bulle, elle se sent en sécurité. Le club formé avec Apolline, Paloma, Sierra et Chélonia ne va pas durer car c’est sûr, elles vont se rendre compte qu’elle est nulle et vont l’abandonner. D’ailleurs, sur le chemin de l’école, au niveau du portail, deux garçons se moquent d’elle tous les matins. Ils la traitent de tarée et critiquent sa tenue. Heureusement, Apolline et sa carrure de rugbywoman suffisent à écarter les deux tortionnaires pour le moment. Mais elle en est persuadée, ils vont revenir. Alors qu’elles rejoignent le reste du groupe, Sierra est en train de mettre en garde Paloma de son tuteur Adrien. Effectivement, depuis le décès de Liselotte, Paloma vit seule avec Adrien et elle a toute confiance en ce dernier. Pour Sierra, les mecs ont toujours une idée derrière la tête. Il peut lui sauter de dessus à tout moment. Sauf s’il est gay, bien évidemment. Durant les explications de Sierra, le monde de Céleste s’est teinté de gris, elle a reçu un SMS comme tous les jours. Le message de son harceleur est clair : tu n’es rien d’important pour personne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle fois, après le récit de Paloma, les BeKa (Caroline Roque et Bertrand Escaich) frappent très juste. Céleste est une adolescente en plein tourment, victime de harcèlement sur son téléphone ainsi que sur les réseaux. Le duo d’auteurs met le doigt sur un phénomène de société qui, s’il n’est pas nouveau, prend des proportions tragiques avec les nouvelles technologies, allant jusqu’au suicide de la victime de harcèlement. L’hyper connexion des enfants et adolescents complique la détection et amplifie le phénomène car les victimes sont harcelées jusque dans le cocon familial non-stop, les soirs et week-ends compris. De plus, les plateformes de communications, faussement appelées réseaux sociaux, aident à propager plus rapidement les rumeurs et autres humiliations. C’est donc ce thème que les auteurs développent avec le personnage de Céleste et c’est touchant. En parallèle, les auteurs profitent de cet opus pour développer le passé d’Adrien et son lien avec Liselotte et par conséquent avec Paloma. Le récit est fort et les liens du « club » des filles se renforcent. Les caractères très différents de chacune des adolescentes est toujours aussi plaisant à découvrir. Le dessin est assuré par Camille Méhu. L’univers graphique est similaire au précédent tome et se focalise sur les personnages et les expressions. Il est à souligner l’excellent rendu graphique entourant Céleste lorsqu’elle se coupe de la réalité et se retranche dans sa bulle protectrice. L’aspect de tristesse ainsi que de noirceur est mis en avant. Le lecteur peut très facilement ressentir le mal-être de l’adolescente autrement que par le texte. L’effet graphique est représenté en pleine page avec Céleste marchant au coté d’Apolline avec un arrière fond de désolation derrière la première et une nature verdoyante derrière la seconde. Cette planche sans texte est réellement saisissante. Ce nouvel opus de la série Filles uniques est très fort au niveau scénaristique et graphique. Le thème du harcèlement n’est pas évident à aborder, mais les auteurs le font d’une façon intelligente et juste.
