L'histoire :
Toute jeune gamine dans les favelas de Belem au nord du Brésil, Flavia vit seule avec sa maman qui travaille chez un vieil homme riche, en fauteuil roulant. Chez lui, un piano que plus personne n’utilise trône au milieu de la belle salle à manger, et attire l’attention de la gamine. Contre toute attente, le propriétaire propose de lui apprendre à en jouer, et la petite fille se passionne pour cette découverte fabuleuse. Une première écoute des nocturnes de Chopin joués par un grand pianiste français est une révélation pour Flavia. Elle se révèle très douée, si bien que l’employeur de sa maman va lui trouver une professeure plus à même de la faire progresser. Au bout de quelques années, Flavia a le niveau pour postuler à une bourse qui lui permettrait de suivre l’enseignement de l’école Cortot à Paris et, peut-être, de devenir concertiste. Elle passe le concours et le réussit. La voilà qui fait son bagage pour réaliser son rêve : elle part pour plusieurs années dans la capitale française, avec l’idée folle d’y faire venir sa maman pauvre, lorsqu’elle sera devenue pianiste professionnelle. Une nouvelle vie commence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Manon Heuguel réalise ici son premier scénario de bande dessinée, après un début de carrière dans le cinéma. Son récit traverse plusieurs années de la vie d’une jeune enfant brésilienne venue à Paris, où elle va devenir à la fois une artiste et une femme. Totalement linéaire et chronologique, l’histoire de Flavia est forte et simple, traversée par des moments de joie et de doute, toujours racontés avec beaucoup de naturel. La scénariste est très à l’aise dans ces plus de 200 pages qui donnent le temps d’apprendre à connaître son héroïne, et de se passionner pour son parcours. Elle n’appuie jamais inutilement sur les effets dramatiques, alors que les premières pages de l’album nous montrent qu’elle peut le faire de manière très marquante si elle le souhaite. Au dessin, Kim Consigny participe à cet objectif de raconter une histoire simplement, en se plaçant au niveau des personnages, sans recul ni artifice de narration. Son dessin très simple ne retient pas l’attention du lecteur, mais contribue à une lecture très immersive, totalement portée par la force du personnage et la densité dramatique de son expérience. On reste totalement absorbés tout au long de cette aventure, heureux de voir Flavia franchir des étapes avec succès, agacés parfois par son comportement excessif. Un feelgood album de BD comme il existe des feelgood movies, plein de passion pour la musique.