L'histoire :
La vision du flamboyant Arthur terrassant la légion des ténèbres, portant fièrement son bouclier et son épée enchantée, est largement révolue. Le fier Arthur n’est plus que l’ombre de lui-même, il a sombré dans l’alcoolisme. Sa seconde fille Ysabelle se désespère de le voir ainsi. Elle tente par tous les moyens de chasser sa mélancolie, mais leurs prises de becs sont de plus en plus fréquentes. Un soir, alors que son père tente de toucher un pot en terre en lançant sa fidèle épée, Ysa confisque l’objet et ordonne à son père d'aller se coucher. Ce dernier, encore fier, se fâche et lui ordonne de lui rendre son épée. Voulant se lever de son trône, il s’encouble dans le tapis et s’effondre de tout son long au pied de sa fille. Humilié, il aboie à travers la pièce, espèrant que le baron vienne vite la chercher. Déçue, Ysa va se coucher avec la ferme intention de ne jamais épouser ce fameux baron. Surtout que le lendemain, elle apprend de la bouche des servantes que sa sœur ainée Maxine s’est enfuie du château le jour de son mariage avec le même baron. Outrée, Ysabelle décide de fuir le château pour retrouver sa sœur. Elle emporte avec elle la fameuse épée enchantée de son père...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album déjanté, décalé, au graphisme particulier, ne va pas plaire à tous les lecteurs. Ce n’est absolument pas un album consensuel. L’univers graphique choisi par Mathieu Burniat est caricatural, voire par moment burlesque. Le dessin colle plutôt bien au grain de folie insufflé par le récit azimuté. Le scénariste Geoffroy Monde reprend en toile de fond la légende arthurienne dans le royaume Pendragon après la victoire contre l’armée des ténèbres. L’auteur n’hésite pas à dézinguer le mythe en rendant le valeureux roi Arthur alcoolique. Le personnage d’Ysabelle en apparence râleuse, capricieuse et impulsive dans l’enceinte du château se mue en femme forte au contact du monde extérieur. Bien évidemment, l’épée enchantée est aussi au centre du récit. Sous cet aspect déjanté, le scénariste aborde plusieurs thèmes sociétaux et notamment la place de la femme. Si l’on fait une analyse rapide des personnages principaux, les hommes ne sont pas vraiment mis à l’honneur, à l’instar des légendes du Moyen Âge. Ainsi, avec cet album, les auteurs prennent le risque de livrer un ouvrage atypique, acidulé, déjanté, parfois burlesque, tout en proposant un fond de récit plus profond qu’il n’y parait.