L'histoire :
Le dieu Enlil en a ainsi décidé : Endiku a été créé pour s'opposer au tyran d'Uruk, Gilgamesh, le roi légendaire de Mésopotamie. Mais il a failli, en devenant son ami et pour cette raison, il doit mourir. Endiku le sait : en rêve, il s'est vu attaqué et piétiné par Anzu, le monstre ailé gardien des enfers. Inquiet, Gilgamesh veille sur son ami, le seul être sur terre avec qui il puisse rivaliser, qui puisse le comprendre. Alors Gilgamesh prie. Nuits et jours, il implore la déesse guérisseuse Gula… En vain, ses implorations restent sans effet. La mort survient le douzième jour. Dans un dernier tressaillement, Endiku interpelle son presque-frère. Fou de rage, le tyran se récrie, fulmine : de quel droit les dieux contreviennent-ils à ses désirs, à sa toute-puissance ? Portant le deuil de son compagnon, Gilgamesh fait pleurer et se lamenter les gens d'Uruk, comme l'avait prédit le dieu soleil, Shamash. Cependant, le tyran n'est point résigné, il n'est pas encore sage et part en quête de l'immortalité...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comment distingue-t-on le tyran du sage ? "Le ciel grondait, la terre répondait, et moi entre les deux, je me tenais debout". Bonneval et Duchazeau nous livrent le second volet du mythe de Gilgamesh, roi de l'antiquité sumérienne. Sur un mode graphique dépouillé et un récit en grande partie "off", ils transcrivent un mythe très riche en péripéties qui peuvent dérouter à la première lecture. Ainsi, il n'est pas toujours facile de faire la part de ce qui relève du rêve ou de la réalité. Des combats face aux lions au récit diluvien, l'odyssée de Gilgamesh est une oeuvre exigeante qui nécessite plusieurs lectures. Mais à chaque relecture, le plaisir est toujours plus intense. Ce roman graphique décrit une boucle, les dernières planches de ce tome répondent aux premières du premier. La tonalité rappelle un peu celle de La nuit de l'Inca et la condition humaine en demeure la trame. Pour apprécier, il faut savoir ce qu'est un mythe. Les mythes (comme les rêves de notre héros) n'entendent jamais dire la réalité mais racontent des histoires pour répondre aux angoisses. Sous l’antiquité, les poètes chantaient ces épopées pittoresques devant des assemblées charmées qui se pressaient pour les écouter. Chacun connaissait par coeur les exploits du roi d'Uruk. Et notre neuvième art chéri, mûrit à la lecture de ce diptyque : Gilgamesh ou la quête du Graal... Et donc, finalement, comment distingue-t-on le tyran du sage ? Si vous séchez, lisez Gilgamesh et vous savourerez. Le tyran est celui qui croit que tout lui est dû ; le sage sait qui il est et quelle est sa place.
