L'histoire :
Province du Suhiman, an 788 de l’ère du Scorpion. Perché face au soleil, au sommet d’une montagne, le jeune Taho implore les Gardiens du Ciel de l’aider à venger ses parents. Il lui faut cependant une nouvelle fois faire sans le moindre signe divin. Ce ne sera pourtant pas le jour à s’apitoyer car le vieux Tchö et le reste de la bande ont rapidement besoin de lui : un vieux Dragon majestueux vient – comme il l’avait prévu – d’être débusqué et il donne déjà du fil à retordre aux chasseurs. Après que plusieurs d’entre eux y aient laissé leur peau, Taho-Le-Vif entre dans la partie. Et il faut dire qu’il s’y prend plutôt bien, en touchant d’un jet de lance précis l’œil gauche du Dragon. Pourtant, la bête a le temps de regagner sa tanière et ainsi inviter, quelques temps plus tard, Taho à finir le boulot. Etonnement, le formidable animal attend notre ami. Il s’exprime alors parfaitement et confie au jeune imprudent être Alazare, une des dernières de sa race. Celle qui protège depuis des siècles le Peuple auquel appartient Taho. Dans un dernier souffle, Alazare confie à Taho son œuf, celui d’un futur Dragon Roi. Charge au jeune garçon – s’il veut préserver l’existence de son Peuple – de mettre l’œuf en lieu sûr en amenant ce dernier à ses Frères Dragons. Pour lui faciliter la tâche, Alazare, d’un coup de griffe cinglant dans la poitrine, lui offre un don. Hébété, Taho sort rejoindre ses amis. Il n’a pourtant pas le temps de leur raconter ce qui vient de lui arriver : une patrouille de soldats du royaume du Peuple-Dragon l’arrête sur le champ. Ce qu’il vient de commettre est en effet passible de pendaison en place publique. Mais pourquoi Taho a-t-il bien pu se mettre dans ce pétrin en tuant l’animal-totem de son peuple ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le western-asiatique Chinaman (9 tomes publiés... pour le moment ?) l’excellent binôme formé par Serge Le Tendre et Olivier TaDuc se fait la Griffe en tâtant de l’heroïc-fantasy. Toujours subtilement confié à des codes issus de la culture asiatique, ce nouveau projet prévu en plusieurs cycles met en place un univers parfaitement appétant. De ceux, en tout cas, que cisèlent les massifs escarpés, les guerriers sanguinaires, les despotes assoiffés de conquêtes et la fabuleuse mythologie. Plus précisément, il s’agit de mettre entre nos pognes, quatre peuples (pour l’instant seuls deux d’entre eux sont sous les projecteurs), quatre royaumes avec chacun pour protecteur un animal-totem : le singe, le phénix, le loup et le dragon. Pour animer l’intrigue de ce premier opus, il suffira au scénario d’utiliser deux principaux ressorts. D’abord, sous la férule du chef de la dynastie du Peuple-Loup, le peu engageant Suo-Le-Rouge, une épopée guerrière se compose, prompte à faire s’affronter bons et méchants, oppresseurs et résistants, traîtres et héros. Ensuite, le jeune Taho doit remplir une mission confiée par un Dragon mourant. Cette partie de la mécanique scénaristique sera d’ailleurs totalement exploitée et bouclée dés la fin de ce premier opus. Enfin, le tout sera judicieusement lié par les promesses de confrontations multiples entrelaçant vengeance et humanité. Enfin, on se laissera séduire par un des personnages centraux, la fameuse Griffe Blanche aux cheveux laiteux, dont l’art du combat est un petit régal. Pour l’heure, reconnaissons que l’ensemble emprunte des chemins plutôt classiques. On attend en particulier que nos héros prennent un peu de charpente et de charisme par la suite. Tout est tout de même là qui palpite, alimenté par un dessin topissime : travaillé et détaillé avec soin, cadré avec justesse, parfaitement mis en couleur, à l’aise dans l’action et présenté avec élégance. Bref, un départ classique mais très encourageant.
