L'histoire :
En 1955, Claude Lorius, fraîchement diplômé de physique à 23 ans, répond à une annonce dans une université de Besançon pour une mission de recherche en Antarctique dans le cadre de l’année géophysique internationale. Sans aucune expérience préalable en expéditions polaires, il est sélectionné et part pour un an, en 1956, direction la station Charcot en Antarctique, un lieu isolé et spartiate. À son arrivée, la majesté de la grande barrière de glace le fascine. Le climat extrême et les conditions de vie austères de la station, avec ses températures glaciales et son espace confiné, ne freinent pas son enthousiasme. Au quotidien, avec ses collègues, il s’immerge dans l’étude de la glace omniprésente, qui recouvre le continent Antarctique sous une épaisse couche pouvant atteindre 5 000 mètres d’épaisseur. Ils effectuent des sondages et prélèvent des échantillons de cette glace. Mais à cette époque, les véritables enjeux de leur travail échappent encore à l’équipe. Les fragments de glace qu’ils extraient sont étudiés, mais leurs implications sur le climat et l’histoire terrestre restent incertaines. En 1964, lors d’une seconde expédition en Antarctique, Claude Lorius fait une rencontre décisive avec le glaciologue australien Bill Budd. Après un repas partagé, ils dégustent un whisky avec des glaçons. Ce moment anodin sera le catalyseur de l’intuition qui marquera l’histoire de la climatologie : l’air emprisonné dans la glace pourrait contenir des informations précieuses sur les conditions climatiques des ères passées. C’est l'inlandsis.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« L’Inlandsis »... cette nappe de glace monumentale qui recouvre l’Antarctique est un véritable livre de l’Histoire de la Terre. Ses couches glacées, témoins du climat des époques passées, détiennent les secrets du changement climatique à travers les âges. C'est le point de départ de cet album signé Benjamin Adam. Avec Inlandsis, Inlandsis, l'auteur nous interpelle sur le réchauffement climatique et ses conséquences à travers une narration mêlant exploration scientifique et anticipation. Graphiquement, la BD débute avec un découpage rigoureux en six cases noir et blanc, rappelant des diapositives éducatives. Ce choix reflète la froideur scientifique des débuts de Claude Lorius en 1955. Puis progressivement, le récit bascule dans une projection futuriste, teintée de couleurs pâles comme le jaune ou le terracotta. Ces tonalités désaturées traduisent un avenir désenchanté, où les espoirs d’un monde meilleur s’estompent. L’alternance entre passé et futur, renforcée par des ruptures graphiques marquées, dynamise l’ensemble mais crée aussi une narration légèrement décousue. Si le dessin, simple et aux aplats de couleurs, évoque une sobriété éco-sensible, il contraste avec la complexité du sujet abordé. Cette approche originale aurait pu gagner en clarté. Bien que la BD soulève des enjeux environnementaux cruciaux, sa narration en pointillés laisse parfois le lecteur en suspens, manquant de liant pour livrer un message pleinement abouti. Peut-être le tome suivant viendra-t-il combler ces imprécisions ? Reste une œuvre engagée, écho à l’urgence climatique, qui mérite l’attention malgré ses imperfections.
