L'histoire :
Après son périple maritime, le peintre Isaac est de retour à Paris en compagnie de son ami Jacques. Ils rejoignent une bande de voleurs portugais et vivotent alors de petits larcins. Tandis qu’Isaac reprend assidûment la peinture, Jacques se spécialise dans le cambriolage, en escaladant de nuit les maisons des bourgeois. Ils finissent par être obligés de se « mettre au vert », mais ont tous deux une raison primordiale – surtout libertine – de retourner à la capitale la nuit venue. Isaac veut en effet en savoir plus sur Philippe du Chemin vert qui a séduit et enlevé sa fiancée Alice. Quant à Jacques, il est tombé amoureux d’une belle aristocrate en dévalisant sa demeure. La journée, il ne pense plus qu’à la nuit suivante, qui le verra pénétrer en cachette dans sa chambre et glisser des mains exploratrices sur son corps endormi. Une nuit, l’inconnue se met à lui parler et entre dans son jeu pour partager quelques cochonneries raffinées. Jacques n’en est que plus obsédé et en devient… beau ! Mais la rumeur empire à leur sujet et Isaac est obligé de se grimer pour revoir son père et rencontrer ses clients……
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le ton ne change pas pour cette série décidément d’une grande maturité. Terminées la piraterie pour Isaac. Lui qui a connu les grands espaces, le voilà confiné au Paris nocturne des conspirateurs, voire même parfois coincé de plus près dans un déguisement ridicule et étouffant. C’est toutefois dans ce milieu malsain du brigandage parisien que l’envie de peindre et le talent lui reviennent. Il se retrouve enfin alors qu’il part à la recherche d’Alice. Elle, paradoxalement, s’en est allée à son tour se perdre sur les océans… La force de la narration est telle qu’on a l’impression que Christophe Blain ne contrôle plus totalement ses personnages, les laissant décider eux-mêmes de leur destin. Etant donné que ces derniers se cherchent totalement, on assiste donc a un épisode un peu flottant. Les allers et venues des uns et des autres, dans ce jeu de faux-semblant, a même un petit quelque chose de Comedia del arte. Côté dessin, Blain use et abuse toujours de ce style gribouillé mais parfaitement maîtrisé, qui se déstructure en fonction de la tension ambiante. Ainsi ressent-on pleinement la panique amoureuse de Jacques, pris la main dans le sac en pleine séance d’onanisme, ou la palpitation galopante d’Isaac lorsqu’il retrouve Agnès, la sœur d’Alice…