L'histoire :
Au XVIIe siècle, l’oncle de Jacques s’apprête à partir pour une campagne de pêche à la morue de plusieurs mois, avec quelques dizaines d’hommes à bord d’un gros voilier. Une fois le morutier au large, les hommes d’équipage trouve un passager clandestin : Jacques a embarqué avec eux, officiellement pour s’aguerrir au métier de marin pêcheur, officieusement parce qu’une force quasi-magique le pousse à aller en Islande. En effet, depuis son enfance, il a des visions surnaturelles, fait des rêves, dessine des schémas cabalistiques, des paysages, qui ont tous leurs origines sur cette île. Après une journée passée en fond de cale, il est mis à contribution comme les autres hommes. Mais les incidents égrainent le quotidien des marins : le capitaine chute et se casse la cheville ; son oncle est blessé au crâne par une lourde poulie ; un homme pris de folie meurtrière tente de tuer Jacques et se retrouve mystérieusement emberlificoté à un mètre du pont dans tout un tas de cordes… L’adolescent est rapidement accusé de porter la poisse. Il se réfugie sur la vigie, et propose un marché par messages interposés : qu’on le dépose en Islande et les infortunes seront terminées. L’attaque d’un bateau pirate va bouleverser le cours des évènements. Parvenus à distancer cet ennemi, l’équipage rejoint la côte islandaise pour y quérir de l’aide. Jacques tente alors d’imposer sa présence sur la barque car… il parle islandais !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers cette mise en place, Marc Védrines utilise avant tout sa connaissance du folklore et de l’Histoire de l’Islande – une île qui a longtemps subi le joug économique du Danemark. Mais on ne sait pas encore très bien où il veut en venir, tout comme le jeune héros accomplit une destiné qu’il ne comprend pas lui-même. Cependant, Védrines prouve ici de grands talents de conteurs et de dialoguiste, car si le but de l’aventure est encore flou, son intrigue est accrocheuse et Jacques se révèle un héros très attachant. Hormis deux ou trois digressions qui semblent rajoutées pour délayer la sauce (les légendes islandaises), on se pique au récit par ailleurs dessiné avec une subtile sérénité. Le graphisme est à mi-chemin entre le dessin réaliste du type de celui de Phénomenum (excellente série fantastique, chez Glénat, qui a révélé Védrines) et un dessin stylisé du type de ceux de la collection Poisson pilote. En ce sens, ces aventures maritimes renforcées par une colorisation hyper terne, font immédiatement penser aux aventures d’Isaac le pirate. En revanche, si les aventures de Jacques s’inscrivent dans un cadre historique réel, l’ambiance est ici plus teintée de fantastique, installant un climat envoûtant digne de celui, par exemple, du Marquis d’Anaon. Des débuts intrigants, à suivre avec intérêt…
