L'histoire :
Hanté depuis toujours par ses visions et une sorte d’appel à rejoindre l’Islande, le jeune Jacques s’est embarqué clandestinement à bord d’un bateau de pêche à destination de la mer du nord. Sa folle détermination ainsi qu’une incroyable chance, lui ont alors permis de débarquer sur cette île au climat rude, alors sous joug danois (XVIIe siècle), en plein hiver. Recueilli par une famille indigente, il noue une idylle avec la jeune Stina, avant finalement d’être accusé de sorcellerie par ces derniers. En effet, partout où Jacques passe, le mauvais sort s’abat alentours. Plus que jamais décidé à comprendre les visions surnaturelles qui l’obsèdent depuis son enfance, Jacques s’enfuit. Poursuivi par une troupe d’hommes qui cherchent à l’arrêter et à le juger pour satanisme, il poursuit son chemin vers les Fjords de l’Ouest. En compagnie d’un drôle d’hère, il trouve enfin les pierres géantes de ses rêves, sur une plage. Il réussit alors à se faire embaucher à proximité, en tant que charpentier. Son nouvel objectif est de rentrer en contact avec la sorcière Bergljòt, qui terrorise les villageois. Il sait qu’en pénétrant les secrets de cet inquiétant personnage, il trouvera les réponses aux questions qui l’obsèdent tant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous-jacents dans le premier volet, les aspects fantastiques sont omniprésents dans ce second épisode. La triste condition des islandais, alors sous joug politique danois, passe dès lors au second plan. Véritable sujet du récit, en amont des pérégrinations de Jacques, l’Islande mystérieuse et ses paysages parfois improbables, fournissent un cadre idoine pour orchestrer le climat étrange… Adroitement, comme pour entretenir le flou sur l’existence effective de la sorcellerie, Marc Védrines met en scène des manifestations aux frontières du surnaturel. Cela se limite à un spectaculaire tremblement de terre (l’Islande est volcanique), une attaque coordonnée de corbeaux tueurs ou, beaucoup plus insolite, une pléthore de flatulences féminines au cours d’une cérémonie religieuse ! Un rythme volontairement un peu indolent, des évènements inattendus, une angoisse flottant en permanence dans l’atmosphère, contribuent à faire toute l’originalité de cette intrigue surprenante et à soutenir le suspens. Originellement dessinateur (lire l’excellent Phenomenum !), Védrines gagne ici ses galons d’auteur complet. Au dessin, il est plus habile sur les paysages que pour rendre les visages… Il met cependant l’ensemble en relief à l’aide d’un trait moderne, certes un peu « raide », mais aux cadrages et au découpage parfaitement maîtrisés. A noter, le rebondissement final inattendu, qui met l’eau à la bouche pour le prochain et dernier épisode…