L'histoire :
Un week-end réunit un impressionnant gratin de collectionneurs d'art, de journalistes et d'hommes d'affaire sur une petite île bretonne, chez Solange Pommeraie. Le richissime collectionneur Maroilles, qui en est un des invités principaux, a choisi Jack Palmer comme garde du corps. Dès son arrivée, Solange lui présente un tableau de la période pré-oblique de Kraumka, un peintre abstrait dont la côte a connu des hauts quelques années plus tôt, l'incitant à lui faire une offre. Elle précise que son grand rival Livarot, qui sera également présent, est déjà intéressé par la toile. Mais alors que l'atmosphère est empestée par une odeur persistante d'algues vertes, les participants ne peuvent démarrer le premier repas, les homards n'ayant pas été livrés. Jack Palmer, quant à lui, a pris une position de surveillance sur un rocher à l'extrémité de la propriété. Le détective se trouve bientôt bloqué par la montée des eaux, tandis qu'un drame se déroule dans le château : la fameuse œuvre de Kraumka a été littéralement lacérée de coups de cutter. Solange ne peut que constater les dégâts, et appelle immédiatement la police locale. Les soupçons vont immédiatement peser sur le fournisseur de homards qui vient juste de se faire virer par le cuisinier. Et Jack Palmer, perché sur son rocher, ne peut intervenir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la plus grande surprise du lecteur, cette enquête loufoque de Jack Palmer finit par révéler le nom du coupable, qui n'est évidemment pas celui que l'on croyait. Pourtant, avec Palmer mis hors jeu d'entrée sur son rocher au milieu des vagues, on pouvait s'attendre à un sommet de loufoquerie cynique et décalée... sans détective. Que le fan se rassure : la veine démarrée avec l'Enquête Corse est à nouveau exploitée ici, avec Palmer au centre du débat. Cette fois-ci, ce sont les bretons qui se voient caricaturés à la sauce aigre-douce, aucun poncif ne leur étant épargné. Les éleveurs de porc en prennent pour leur grade, les noms de lieux en langue bretonne aussi, l'odeur pestilentielle d'algue verte ou le temps pourri du mois d'août itou. On culmine pratiquement avec ce policier local qui ordonne « ouvrez l'œil, il y a des amateurs d'art sur zone ». Pétillon semble s'amuser comme un fou avec des dialogues impossibles et parfois surréalistes entre des gens qui ne se comprennent absolument pas. Il fustige le snobisme des spéculateurs d'art, l'incompétence des journalistes, le régionalisme à tout crin, en truffant ses cases de situations et d'échanges décalés. Il donne au lecteur la sensation de se laisser porter par l'enchaînement des événements, et de saisir chaque occasion pour ridiculiser un personnage supplémentaire. Cet album garde pourtant toute sa lisibilité, le métier de Pétillon étant présent dans la mise en scène de chaque case, malgré son dessin peu fouillé. Un bon tome de l'enquêteur improbable et frappant d'inefficacité, qui ne déplaira pas aux amateurs d'humour à tout crin et sans scrupules.