L'histoire :
New-York, 333 Park Avenue. Le champion automobile Donald Wright et son vieil ami Monty, se rendent à un cocktail, laissant derrière eux l’épouse de Monty vaquer à ses affaires. Celle-ci a mieux à faire que d’aller à un pince-fesse entre gens bien élevés. Elle préfère se coucher tôt pour aller chercher Peggy, qui rentre de Washington, à l’aéroport de La Guardia. Monty et Don se rendent au Golden Fleece et discutent avec des gentlemen en costards. Mais Don s’éclipse rapidement pour aller retrouver… la femme de Monty dans son appartement. S’ensuit une partie de jambes en l’air où les amants s’éclatent. Le téléphone sonne : Peggy a pris l’avion du soir. Les deux amants se quittent. Don donne rendez-vous à sa douce au Cloud Nine. La jeune femme retrouve en fait Monty. En effet, après le cocktail, celui-ci a suivi un de ses amis qui a une proposition intéressante à leur formuler : une superbe maison à acheter au bord du Lac Léman, à cinq minutes à peine du Palais des Nations. Une solution de choix pour la jeune femme, habituée à passer ses journées à attendre son mari dans la morosité d’un hôtel genevois…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié pour la première fois en 1991, Jamais deux sans trois bénéficie d’une version remaniée. Le propos de l’album reste le même, un classique du théâtre de boulevard : le triangle amoureux dans lequel les protagonistes, à l’image de celui des Bermudes, se perdent souvent corps et âme. Il y a du Ernst Lubitsch (Sérénade à trois), du Woody Allen et du Resnais dans cette histoire (Foc’h a réalisé notamment l’affiche du film Smoking/No smoking de Resnais). Le scénario de Jean-Claude Fromental obéit quant à lui à une mécanique subtile où chaque mot est pesé, où chaque phrase est distillée avec élégance. Le scandale n’a rien à faire dans ce monde en mode fifties. Un coup de blush et les apparences sont sauvées, laissant au placard la dévorante jalousie. C’est bien là l’essentiel… Le trait Nouvelle Ligne Claire de Floc’h est impeccable du début à la fin, avec des visages merveilleusement croqués et des expressions parfaitement déclinées. Rien à reprocher à cet ouvrage, sauf peut-être un propos un peu trop léger (où l’intelligence du verbe reste en surface) qui aurait mérité plus de profondeur et de longueur. Tant cet album se lit d’une traite et laisse derrière lui une envie non assouvie, malgré une fin subtile…