L'histoire :
A Los Angeles en 1966, Norman, saxophoniste de jazz, s’enguirlande avec sa compagne Emily. Cette dernière fait ses valises et disparait sous d’autres cieux. Oui mais voilà, les jours qui suivent, Norman perd toute inspiration et toute passion pour sa musique. Sur scène avec son groupe, il produit un seul et unique pouet ! et s’en va. Il n’a plus le goût de jouer. Une soirée alcoolisée s’ensuit… une grosse blonde l’allume… il l’embarque… Il se réveille le lendemain dans sa voiture, à sec, garée au bord d’une route en plein canyon. Une bande de motard viennent à passer, parmi lesquels Norman reconnait sa grosse blonde. Ils s’arrêtent, l’obligent à grimper dans le coffre de sa voiture et le kidnappent. Il s’agit d’une secte adoratrice du jazz : Norman se retrouve enfermé dans une geôle, en compagnie de 4 autres artistes de jazz. De temps en temps, ces musiciens sont amenés dans une pièce où on les oblige à jouer les partitions écrites par les membres de la secte. Mais dès la première séance de Norman, des sirènes de polices se font entendre, et tout le monde se sauve par les souterrains…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Jazz club est en fait l’œuvre de fin d’études d’Alexandre Clérisse à l’Ecole supérieure d’Angoulême, précédemment et régulièrement présentée sur le site coconino-world.com. L’album valut au jeune auteur de recevoir les félicitations spéciales du jury, avant d’être entièrement retravaillé par Dargaud puis d’être aujourd’hui publié dans la collection Long courrier. Au départ, Clérisse a écrit cette histoire comme on joue du free-jazz, c'est-à-dire comme ça lui vient, en totale impro ! Comme le fait remarquer Thierry Smolderen dans la préface, le fond du récit contient donc une brillante métaphore de sa propre forme, « un véritable travail d’in-ploration, une façon de questionner le rapport profond du dessinateur avec sa page blanche ». On sent bien d’ailleurs, dans la première moitié, que le récit part en live. Les évènements que traverse le héros, qui n’a pas du tout le look de l’emploi, sont totalement rocambolesques : la perte d’une muse, une virée, un kidnapping, une secte dans le désert, des souterrains… Heureusement, tout cela n’est qu’un flashback, qui trouve une issue habile et cohérente à la veille de l’an 2000, alors que la « tempête du siècle » prend des allures d’apocalypse. Jolie pirouette. Pour la forme, le graphisme informatique de Clérisse est certes particulier, mais diablement maîtrisé et parfaitement lisible : des formes colorées plaquées et des textures vectorielles, rondes et hyper stylisées, prennent vie un peu à la manière de personnages en pate à modeler. Un jeune auteur à suivre de près…