L'histoire :
Christian Dior, un entrepreneur normand, s’est installé à Paris après la seconde guerre mondiale, où il a créé une maison de couture qui ressemble à un musée. Tous les meubles sont des Louis XVI et le blanc domine un peu partout. Il est également parfaitement entouré de ses quatre femmes à tout faire : Marguerite, la couturière hors pair ; Raymonde, l’assistante fidèle ; Mitzah, la muse ; et Suzanne, la responsable en communication. Clara Nohant doit écrire son premier article pour Le Jardin des modes. Il portera sur l’ouverture du salon au grand public en 1947. Le gratin se presse à l’entrée et bon nombre de chroniqueuses de mode de renom sont présentes. Il y a même des stars comme Rita Hayworth ou Marlène Dietrich ! Les cancans vont bon train et certains sous-entendent même que Dior aurait récupéré des filles de joie à la rue Quincampoix pour devenir des mannequins ! La collection Printemps/été ouvre ses portes et le défilé commence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Annie Goeztinger a démarré dans le dessin de mode avant de se lancer dans la bande dessinée (et les succès que l’on connaît avec le scénariste Pierre Christin). L’artiste revient donc ici à ses premiers amours : la mode. Et décide de faire une biographie du grand Christian Dior. Elle choisit d’évoquer les dix dernières années de la vie du grand couturier et sa renommée fulgurante. Mêlant le destin (réel) d’un homme d’exception à celui (fictif) d’une jeune journaliste, Goeztinger nous fait rentrer dans le monde de la haute couture par la grande porte. Finalement, l’ascension de Dior n’est qu’un prétexte pour aborder tout ce qui touche à l’univers de la mode. Rarement une bande dessinée n’aura été aussi loin dans la peinture de ce monde. Goeztinger aborde tout de façon précise et didactique : les différents tissus, les métiers de chacun, la façon de défiler, le merchandising… Si l’album ne suffit pas, les annexes font le détail complet de tout ce qu’il faut retenir sur la mode. L’artiste se fait également plaisir dans le dessin en éclatant les cases. L’album est souvent constitué de grandes planches d’une seule case qui se lie à la planche d’à côté. Entre deux froufrous qui passent d’une planche à l’autre, une main gracieuse ou un port altier, Goeztinger représente avec beaucoup de délicatesse le raffinement et l’élégance de la mode. Les couleurs sont douces et délicates, pleines de retenue et beaucoup moins agressives que ses productions précédentes. On est d’ailleurs très loin de ses albums désabusés, comme le célèbre La demoiselle de la Légion d’honneur. On serait même beaucoup plus dans un conte de fées où tout est luxueux et magnifique, avec des tenues de princesses et des stars à paillettes. Malheureusement, le scénario tourne vite à vide et paraît très gnangnan, tant le destin de Clara est caricatural et mirifique. Les amateurs de mode apprécieront, mais les autres trouveront sûrement cela trop artificiel (mais peut-être est-ce finalement cela, la mode ?).