L'histoire :
La petite Julia habite une incroyable maison construite sur le dos d’une tortue. Ce qui fait qu’à chaque fois que la tortue entre dans sa coquille pour hiberner, Julia se retrouve implantée en un lieu pour très longtemps. Ce jour-là, la tortue se pose en haut d’une falaise dominant le littoral. Julia court aussitôt planter sa boîte au lettre devant son nouveau panorama. Puis elle se cale au fond d’un fauteuil de son salon, avec un bon livre, du thé et des gâteaux… avant de s’apercevoir qu’elle a oublié un détail. Elle court aussitôt pour confectionner une jolie pancarte qu’elle accroche à sa porte d’entrée. Cette pancarte indique : « Maison de Julia, Bienvenue aux monstres perdus » Peu de temps après, on toque à la porte. C’est un drôle de chat tout rafistolé qui vient chercher refuge. Julia s’en fait aussitôt un ami. Mais rapidement, quelqu’un d’autre, de nettement plus bruyant, frappe à la porte. Julia ouvre : il s’agit d’un troll, immensément imposant, encore tout crotté de vase et infiniment triste. Julia lui offre son meilleur fauteuil, lorsque la porte retentit de nouveau. Une douzaine de monstres, perdus et de toutes sortes, viennent encore trouver refuge. Julia est débordée… et désolée des dégâts qu’ils causent immanquablement un peu partout…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un petit format à l’italienne, une faible pagination, peu de texte et aucune bordure de case… pas de doutes, nous sommes bien au sein d’une BD jeunesse destinée aux primo-lecteurs (3-6 ans, annonce l’éditeur). Ici, la mignonne et vertueuse petite héroïne voue son existence à venir en aide à ce qu’il y a de plus répulsif et douloureux en ce bas-monde : les monstres perdus et/ou dépressifs. Entendons par « monstres » de vrais monstres de contes de fées, tantôt répugnants et inquiétants (les trolls), tantôt biscornus et reptiliens (un basilic). La vocation de Julia la range d’emblée au rayon des héroïnes ; et sa démarche altruiste confine au conte un aspect moralisateur : aider son prochain, malgré son apparence repoussante, c’est quand même la grande classe ! Une seconde lame de morale complète la première, lorsque les monstres sont invités à respecter un règlement intérieur et des corvées pour éviter de tout détruire chez elle. En somme : les assistés ont aussi des devoirs ! Cependant, ce fond moral n’est pas frontal. Au premier degré, le conte se montre évidemment truculent et accrocheur de par son bestiaire, et bienveillant de par son « ambiance visuelle ». Notamment, le dessin tout rond et tout doux de Ben Hatke se complète de jolies couleurs à l’aquarelle. En bref, une super histoire pour les enfants !