L'histoire :
Gaël est en plein doute existentiel. Il sent Carole s’éloigner chaque jour un peu plus de lui, il n’a plus le feu pour son sport, il peine à faire avancer son travail de dessinateur et surtout, il ne comprend plus la société dans laquelle il vit. Un soir où les évènements ont raison de son calme, il se laisse déborder par une sorte de force intérieure et… un éclair d’une puissance phénoménale jaillit de son corps, faisant exploser tout un quartier. Quand il reprend conscience, il marche seul au milieu d’un quartier en ruine, avec un forme de S immatériel autour de lui. Puis il sombre dans l’inconscient. Lorsqu’il sort de son évanouissement, il se trouve chez une jeune fille qu’il ne connaît pas mais qui ressemble curieusement à Carole. Automne, c’est son prénom, le met alors devant ses responsabilités : il a utilisé un pouvoir incommensurable de bien mauvaise manière, provoquant une catastrophe sans nom et tué des dizaines de gens. Rongé par la honte et l’incompréhension, il sort de chez Automne à moitié à nu, en tentant de recouvrer ses esprits et de comprendre ce qui lui arrive. Un nouvel excès d’énergie lui vaut alors d’être abordé par les forces de police…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme l’indiquait la dernière case/planche du précédent volume, Gregory Charlet lance enfin Kabbale sur les rails du fantastique plein pot. Ça y est, la révolte intérieure du jeune héros l’amène à se découvrir un pouvoir phénoménal qu’il ne contrôle absolument pas. Sur ce synopsis assez conventionnel plane l’ombre du manga Akira. La différence avec cette série culte vient néanmoins de l’origine de la révolte : lorsque dans Akira les pouvoirs découlent d’expériences scientifiques foireuses, dans Kabbale, c’est une révolte sociale solitaire. Et le rêve d’une vie meilleure passe a priori d’abord par des effluves de violence pure. Faut-il voir un ressentiment autobiographique à travers le mal-être social de Gaël/Gregory Charlet dans notre civilisation contemporaine individualiste et/ou « bêtement » contestataire ? C’est soit trop, soit pas assez. En faisant la part belle au fantastique, Charlet évite de trop se mouiller dans un plein engagement politique. On est tout de même content que la série ait enfin débuté, après deux tomes de tergiversations amoureuses et de mésaventures sociales, sans doute nécessaires pour cerner le sentiment de révolte. Bien sûr, graphiquement c’est une fois de plus très abouti, sur une superbe ligne manga francophone. On est tout de même bien curieux de savoir comment tout cela va se poursuivre…