L'histoire :
Lors d’un coup d’état au Congo en 1960, 30 millions de dollars en diamants disparaissent dans la nature. Enfin, « disparaissent », pas tout à fait… Charlie, simple salarié méprisé qui joue au crétin, s’en est emparé et les a planqués au fond d’une grotte judicieusement située entre le territoire du Katanga désormais indépendant et celui du Kasaï, riche en diamants. Aussi, le président du Katanga accepte le plan de son conseiller spécial français Orsini : faire alliance avec les 50 000 barbares balubas, contre un poste ministériel pour leur chef le Mwata Motu, afin d’avoir la force armée nécessaire pour la conquête du Kasaï. Le ministre des affaires étrangères Kimba est chargé de la visite officielle périlleuse, encadrée par les barbouzes français, menés par le lieutenant Cantor. Au passage, Cantor parvient à se faire conduire en catimini par Charlie jusqu’à l’emplacement des diamants. Les deux hommes planquent le trésor dans des chaussettes. Cantor prépare aussi une solution de repli en truffant un pont d’explosifs. La peur au ventre, Kimba et les barbouzes s’enfoncent ainsi en territoire ennemi pour parlementer avec le Mwata. Mais ce dernier n’est pas né de la dernière pluie. Et ses guerriers cannibales ont faim…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de Katanga vous avait décoiffés ? Accrochez-vous, vous n’aviez encore rien vu. Ce deuxième volet du triptyque prévu joue magnifiquement son rôle de pierre angulaire en révélant un niveau d’action encore plus explosif, avec des personnages plus retors, des exactions plus violentes, des séquelles plus infâmes sur la situation en fin d’album… Sans oublier le dessin semi-réaliste de Sylvain Vallée toujours minutieux et éblouissant, dans tous les compartiments du job. C’est tout de même sacrément fortiche que l’œil du lecteur puisse ainsi se repaître de scènes de guerres giclantes d’hémoglobine, d’une ribambelle de fumiers déchaînés avec la machette entre les dents, ou d’un regard patibulaire psychopathique. Bref, le duo Nury-Vallée atteint encore un nouveau sommet de l’art narratif et graphique au diapason. Un jouissif tourbillon d’action, de magouilles et de cynisme. Dans le fond, cette histoire de barbouzes en Afrique sur-exploite certes tous les clichés du colonialisme : qu’ils soient congolais ou mercenaires blancs, tous sont des barbares sanguinaires, corrompus, traîtres, concupiscents et cupides (liste non exhaustive). Mais au milieu des pires bassesses entrecroisées, surnage pourtant en chacun d’eux une étincelle d’humanité, un maigre espoir auquel s’attacher pour espérer un dénouement plus ou moins rationnel, à défaut d’être moral. Comme il l’avait magnifiquement réussi dans Il était une fois en France, Nury parvient à nous rendre attachant les pires des ordures. On se demande désormais comment les auteurs vont pouvoir faire encore plus fort sur le tome 3 à venir… sans compter qu’un sacré ménage a été fait parmi les protagonistes. Sur planetebd, nos appréciations vont jusqu’à un maximum de 4 petites étoiles. Pas 5. Dommage.
