L'histoire :
Jean-Claude Mézières est né en 1938 à Paris, dans un environnement propice au dessin et à l’art. Son père peint des tableaux tous les dimanches, tandis que sa mère s’occupe parfois en dessinant des motifs pour ses broderies. Son grand frère Jacques passe également son enfance à dessiner et sa sœur sera une coloriste de bande dessinée. Jacques l’initie d’ailleurs aux illustrés puis à la bande dessinée. C’est ainsi qu’il découvre les Tintin, mais il les remplace très vite par les Spirou, bien plus fantaisistes et humoristiques à son goût. Les années d’école sont plutôt compliquées pour Jean-Claude. Il s’oriente vite sur des écoles d’art après le brevet. Il entre dans les Arts Appliqués où il apprend les techniques de dessin commercial, l’art de l’affiche et l’illustration publicitaire. Sur le trajet du métro, il croise souvent quelqu’un qui deviendra son complice de toujours : Pierre Christin. Dans l’école, il se lie d’amitié avec deux amateurs de dessin et de bande dessinée : Patrick Mallet et Jean Giraud. Jean-Claude rêve de partir aux États-Unis, lui qui a toujours été fasciné par le mythe américain et le western. Il pourra enfin partir en voyage avec Jean Giraud à l’âge de 18 ans…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il y a un artiste qui méritait un bel art book, c’est bien Jean-Claude Mézières. Et de ce point de vue là, nous sommes servis avec un magnifique livre au format à l’italienne, volumineux et abondamment illustré. Christophe Quillien revient sur la vie et l’œuvre du célèbre dessinateur de Valerian. Les anecdotes se mêlent à une biographie très précise et bien écrite. On apprend ainsi qu’il démarre la carrière de dessinateur très jeune et qu'il obtient même une lettre de félicitations du maître Hergé, alors qu’il n’a que quinze ans ! Passionné de western, il a travaillé dans un ranch pendant plusieurs mois, donnant une photo célèbre que Jean Giraud a repris sur la double page intérieure de Blueberry. Saviez-vous également qu’il avait dessiné à l’âge de 13 ans une histoire de Tintin en onze pages ? Saviez-vous qu’il avait illustré un épisode de Philémon ? Saviez-vous que Valerian est inspiré d’un célèbre chanteur français ? Bien entendu, derrière ce long cheminement artistique, se trouvent deux de ses relations phare : celle de Jean Giraud qui l’a profondément marqué tant il se sentait inférieur à lui et celle de Pierre Christin qui l’a particulièrement inspiré. On voit surtout à travers cet art book à quel point Jean-Claude Mézières est humble, voire même peu confiant en lui, puisque ses commentaires sur ses créations sont souvent dépréciatifs. On regrettera malgré tout la partie consacrée à Valerian. La série culte méritait un éclairage particulier ; or ici, c’est plus un relevé mécanique de quelques anecdotes piochées par-ci par-là, suivant certains tomes... et le tout manque vraiment d’intérêt. Malgré tout, l'art book est vraiment sublime et met en avant le talent du dessinateur. On aura même le droit à certaines perles rares comme cette adaptation en quelques planches d’une poésie de Victor Hugo ou ces peintures qui n’ont rien à envier aux couvertures de Blueberry, une caricature politique de Augusto Pinochet ou encore un dessin de Laureline quasi nue pour Play Boy… Non monsieur Mézières, vous n’avez pas à rougir de votre travail, ni de votre formidable carrière !