L'histoire :
Alors que la première guerre mondiale est terminée, Tanguy accompagne sa mère en France où ils ne sont pour le moins pas bien accueillis. Le jeune garçon parvient à dégoter un job d'apprenti dans une fabrique de matériel aéronautique qui survit malgré la chute bien compréhensible des commandes militaires. Le jeune passionné d'aviation ne sait pas comment il va pouvoir réaliser son rêve de devenir pilote, n’ayant absolument pas les moyens de s'offrir la coûteuse formation au brevet. Mais lorsqu'il constate que son frère Mose s'en sort bien mieux que lui en vivant de petits boulots pas très clairs, il se laisse tenter. La consommation de drogue monte en puissance dans les milieux parisiens. Il y a de l'argent à gagner pour ceux qui parviendraient à acheminer l’héroïne depuis le sud du pays. Grâce aux relations qu'il a tissées avec un vieux mécanicien qui retape un Caudron G3, un des avions de reconnaissance les plus utilisés pendant la guerre, Tanguy va échafauder un plan totalement impossible. Il sait qu'il est capable de piloter le G3, même sans formation officielle. Il va alors passer à l'acte et faire basculer son existence.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce spin off en deux volumes de la série Tramp dispose de toutes les caractéristiques scénaristiques que Jean Charles Kraehn affectionne. Un environnement à risque, des personnages masculins plutôt virils et des relations humaines fortes et tranchées. Le personnage de Tanguy, qui avait fait une courte apparition dans la série Tramp, a laissé ses souvenirs en héritage à Yann Calec. Et c'est un raccourci de sa vie qui est mis en scène ici. Le scénario ne propose pas un suspense particulier, mais plutôt une vie émaillée d'évènements forts, racontée de manière linéaire. On se laisse porter par cette histoire parfaitement construite, même si les surprises ne sont finalement pas au rendez-vous. Chrys Millien fait un boulot impeccable au dessin, tandis que Patricia Jambers apporte la cohérence visuelle avec la série d'origine par ses couleurs très homogènes. On peut lire ce diptyque sans connaitre le moins du monde les aventures de Calec – qu'il faut, cela dit, recommander absolument. Elles contiennent le grand souffle qui manque un peu ici. Les apparitions du marin ne sont d'ailleurs pas essentielles, le simple rôle de raconteur de souvenirs qui lui est donné ayant presque un effet pondérateur sur la dimension rocambolesque de la vie de Tanguy. Mais on ne s'ennuie pas une minute au milieu de ces caractères trempés, portés par un scénariste dont le savoir-faire n'est plus à prouver...
